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Résumé

Législatives : ce qu’il faut retenir de la conférence de presse d’Emmanuel Macron

Elections législatives 2024dossier
Le Président a lancé ce mercredi 12 juin un appel au rassemblement contre les «extrêmes», tout en assumant une part de «responsabilité» dans la montée du RN. Il a aussi lancé de futures pistes sur la sécurité, l’immigration et le social.
Emmanuel Macron ce mercredi 12 juin 2024. (Albert Facelly/Libération)
publié le 12 juin 2024 à 14h36

Un pupitre blanc, deux drapeaux français et européens. Debout devant un fond épuré, Emmanuel Macron a dévoilé ce mercredi 12 juin sa stratégie en vue des prochaines élections législatives prévues le 30 juin et 7 juillet. Et pour tenter de devancer le Rassemblement national (RN), grand vainqueur des élections européennes à l’issue desquelles le président a dissous à la surprise générale l’Assemblée nationale dimanche dernier. Libération vous résume point par point les principales déclarations du chef de l’Etat ce mercredi.

«Je n’ai pas l’esprit de défaite»

Le résultat de la candidate Renaissance, Valérie Hayer, aux européennes a été historiquement bas (moins de 15 % des voix). En dépit de ce naufrage, Emmanuel Macron a martelé tout au long de sa conférence de presse ce mercredi ne pas avoir «l’esprit de défaite». En choisissant de dissoudre l’Assemblée nationale, le Président estime avoir «fait le choix de faire confiance dans nos compatriotes, dans leur amour de la République».

Par instants, celui qui est à l’Elysée depuis sept ans maintenant reconnaît toutefois «une part de responsabilité» dans la situation actuelle, avec l’extrême droite aux portes du pouvoir. «Si je pensais que j’avais tout bien fait, je ne serais pas devant vous. J’ai une responsabilité dans le fait que je n’ai pas apporté de réponse assez rapide et radicale aux inquiétudes légitimes qui existent chez nos compatriotes», admet-il.

Un appel au rassemblement face «aux extrêmes»

Quasiment dès ses premiers mots, Emmanuel Macron tape sur les extrêmes, sans distinction. Depuis les résultats des élections européennes, «les masques tombent et la bataille des valeurs éclate au grand jour», estime-t-il. Le Président tacle d’un côté la droite et Éric Ciotti pour son alliance avec l’extrême droite, martelant que ceux qui l’ont suivi «tournent le dos à l’héritage du Général de Gaulle, de Jacques Chirac et de Sarkozy».

De l’autre côté, l’ensemble de la gauche en prend aussi pour son grade, pour son alliance avec LFI, que Macron accuse notamment «d’antisémitisme» et de «communautarisme» lors de la campagne européenne. Evoquant le Front populaire, il attaque : «S’il y en a un qui doit se retourner dans sa tombe aujourd’hui, c’est Léon Blum.» Et appelle à un rassemblement de «toutes celles et ceux qui ne peuvent pas se retrouver dans les alliances avec les extrêmes».

Pas de débat avec Marine Le Pen

Après l’avoir invité plusieurs fois sur le ring ces dernières semaines, Emmanuel Macron a mis fin à cette hypothèse : «Non», il n’y aura pas de débat entre lui et Marine Le Pen. «J’ai fait cette offre de clarification avant les européennes parce qu’elle me l’avait soumise», explique-t-il. «Elle ne s’est pas rendue au rendez-vous. J’ai compris que Mme Le Pen voulait rejouer la présidentielle en disant que si elle veut lancer un débat avec moi, il fallait ensuite que je démissionne.» Impossible, selon lui : «Je l’invite à relire la Constitution de notre République.»

Flou artistique sur la réforme de l’assurance chômage

Sur l’assurance chômage, Emmanuel Macron joue la clarification… tout en brouillant le message. «Oui», assure-t-il, la dernière coupe de droits visant les demandeurs d’emploi est maintenue, alors qu’un projet de décret qui doit entrer en vigueur le 1er juillet est actuellement devant le Conseil d’Etat. «C’est une réforme importante pour le pays, indispensable, elle a été assumée, elle a été préparée», clame-t-il contre tous les arguments syndicaux et bon nombre d’arguments économiques.

Mais il ajoute que le sujet «doit se reprendre après» la période électorale, et interroge : «Est-ce que ça doit être par l’Assemblée, est-ce que ça doit passer par un décret ? On le verra le lendemain.» Ouvrant ainsi la voie, volontairement ou non, à un débat parlementaire sur le sujet alors que pour l’heure, c’est le gouvernement qui agit arbitrairement. Répondant quelques instants plus tard à Libération, il précise : «Si certains veulent l’améliorer, la changer […], ce sera aux forces de la majorité à construire les modalités.»

Huit nouveaux réacteurs nucléaires

Emmanuel Macron a rappelé sa ligne écologique «à la française», fondée sur le nucléaire, une énergie décarbonée qui est selon lui «indispensable» pour faire baisser les émissions de gaz à effet de serre. Il a à ce titre confirmé vouloir construire «huit nouveaux réacteurs nucléaires» EPR2, en plus des six premiers réacteurs déjà prévus. Soit quatorze au total, un chantier titanesque.

Cette voie, qui «n’oppose pas économie et écologie», vise notamment «I’indépendance agricole et énergétique» et est basée sur «la simplification» et la recherche scientifique. C’est la seule possible à ses yeux, car pour lui, celle proposée par l’extrême droite signifierait un «renoncement au projet écologique» et celle de l’alliance des gauches serait tout aussi incapable de «suivre un projet écologique».

Suspension de la réforme constitutionnelle en Nouvelle-Calédonie

Après s’y être rendu il y a quelques semaines, et lancé une mission de discussion sur place, Emmanuel Macron s’est chargé lui-même d’enterrer son dossier. «J’ai décidé de suspendre le projet de réforme constitutionnelle en Nouvelle-Calédonie», déclare Emmanuel Macron. Le texte, approuvé par l’Assemblée nationale mi-mai mais contesté par les indépendantistes kanaks, a provoqué une crise historique dans l’archipel ultramarin. Il devait encore être voté par le Parlement réuni en Congrès avant d’entrer en vigueur.

Pour les autres textes législatifs en cours d’adoption, parmi lesquels le projet de loi sur la fin de vie, le président de la République souhaite qu’ils «puissent être repris» en cas de victoire de son camp lors des élections législatives.

Interdiction du téléphone avant 11 ans

C’est un de ses chevaux de bataille concernant l’éducation et la violence. Le président de la République annonce ce mercredi vouloir une «vraie révolution publique pour l’enfance et pour la jeunesse». Parmi les chantiers évoqués, la question des écrans et des réseaux sociaux chez les jeunes. «Tous les parents sont confrontés à ça, tous les experts le disent : l’addiction aux écrans est devenue le terreau de toutes les difficultés. Addiction, harcèlement, violence…» Pour lui, le gouvernement devra prendre des «décisions claires». Il plaide notamment pour «ne pas permettre l’accès aux téléphones avant 11 ans» ou encore pour l’interdiction des réseaux sociaux avant 15 ans.

Grand débat sur la laïcité

Invité à préciser son idée d’un «grand débat sur la laïcité», le président de la République a d’abord fait référence à la «pression» religieuse sur les «enseignants, les maires», par exemple autour de «l’ouverture des infrastructures sportives». Estimant que lorsque «les règles ne sont pas claires», cela «crée le malaise», il a donc signifié sa volonté de «clarifier les règles, pas du tout d’une manière passionnée au gré des polémiques du moment, et voir quels points de bon sens il faut changer».

Des retraites qui resteront «bien indexées sur l’inflation»

Pas question de revenir sur l’indexation des retraites sur l’inflation : message clair d’Emmanuel Macron adressé à une partie essentielle de son électorat, les retraités, qui entendent peut-être depuis quelques semaines rôder la rumeur selon laquelle leurs pensions ne suivraient plus la hausse des prix. «Le pouvoir d’achat des retraités n’est pas une variable d’ajustement pour nous», assure le chef de l’Etat, même s’il est arrivé à ses gouvernements de recourir à quelques astuces pour retarder cette indexation…

Parallèlement, le président de la République défend sa réforme de l’année dernière, «qui n’a pas été populaire, je n’en suis aperçu». Et qui ne devrait pas permettre, selon le dernier rapport du Conseil d’orientation des retraites qui sera dévoilé ce jeudi et que Libération a consulté, de ramener le système à l’équilibre, ce qui était pourtant l’engagement du gouvernement.

Suppression d’un échelon territorial

Emmanuel Macron voudrait «supprimer un échelon territorial» dans l’organisation administrative française, et donner le «choix» aux citoyens de «rouvrir la question des grandes régions qui ont éloigné la décision», a-t-il dit, plaidant pour «plus de simplicité et de liberté sur les territoires».

Aucune concession sur la réforme de l’audiovisuel public

Quant à la réforme de l’audiovisuel public, pas d’états d’âme : «Faut-il une réforme ? La réponse est oui. Est-ce le retour à l’ORTF ? La réponse est non», a tranché le chef de l’Etat. «La réforme a été bien préparée par le gouvernement. L’idée est d’avoir un modèle d’audiovisuel public pluraliste et exigeant et peut-être plus efficace. Il faut reprendre ce débat dans l’apaisement si la majorité est constituée pour le faire», a-t-il plaidé. Sans aucune certitude, donc.