Par trois fois, lapidaire, Emmanuel Macron a catégoriquement assené qu’il ne «répondrait à aucune question de politique intérieure», jeudi soir lors de la conférence de presse finale du sommet de l’Otan qui célébrait ses 75 ans à Washington. Le suspense continue donc. Le président français a tout juste souligné avoir profité de ces deux jours de sommet pour «rassurer» ses alliés membres de l’Alliance atlantique sur la continuité des engagements de la France en matière de défense ou de soutien à l’Ukraine, que Paris «continuera à appuyer aussi longtemps que nécessaire». «C’est dans cet esprit que des décisions importantes ont aussi été prises, ici à Washington, pour ancrer notre soutien dans la durée et progresser vers l’adhésion de l’Ukraine à l’Otan», a-t-il déclaré.
Le président français a répété que «la Russie ne doit pas gagner la guerre» en Ukraine et qu’elle «a échoué à diviser les alliés». Il a souligné qu’une lettre d’intention avait été signée avec l’Italie, l’Allemagne et la Pologne pour le développement et la production de capacités dans le domaine des frappes de longue portée.
Alors qu’il apprécie d’habitude ces exercices d’échanges avec les journalistes à l’issue des rencontres internationales, qu’il étire chaque fois volontiers, répondant à de nombreuses questions, le président français est apparu assez tendu, déroulant un propos liminaire sur le sommet d’un ton assez morne et inhabituellement, pour lui, bref. La conférence de presse a duré une petite demi-heure au cours de laquelle il a répondu, brièvement, à cinq questions de journalistes. Avant de filer reprendre l’avion vers Paris où l’attend la suite du chaos provoqué par la dissolution de l’Assemblée nationale et des élections législatives d’où aucune majorité absolue n’a émergé.
Emmanuel Macron n’a semblé s’animer que lorsqu’il a répondu à la question d’un journaliste américain qui l’interrogeait sur l’énorme gaffe, quelques minutes plus tôt, de son homologue américain qui, en présentant sur un podium le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, l’a appelé «président Poutine». Avant de se rendre compte immédiatement de son erreur et de la rectifier. «Ecoutez, il nous arrive à tous de faire des lapsus, j’en ferai sans doute un demain, et je vous demanderais de faire preuve d’indulgence et de bienveillance.»
Pleinement rassurante
Joe Biden, 81 ans, est un président «qui est aux affaires, en charge, précis sur les dossiers, qu’il connaît bien», a poursuivi Emmanuel Macron en précisant avoir «pu discuter avec le président Biden longuement hier lors du dîner». «J’ai pu aussi l’écouter, échanger en marge des rendez-vous», a-t-il insisté, avant de saluer «un homme expérimenté, parce qu’il est sans doute autour de la table l’un de ceux qui a le plus de profondeur de champ sur ces sujets internationaux, et dont la solidité en tant qu’allié, sa connaissance et son attachement à l’Europe sont exemplaires».
«La France, l’Ukraine ont beaucoup de chance d’avoir une administration, un président engagé comme il l’est. C’est le plus important pour moi et la discussion que nous avons eue hier était une discussion précise, amicale, professionnelle et pleinement rassurante à tous égards sur l’engagement américain, sa force et sa continuité», a poursuivi Emmanuel Macron. Avant lui, le chancelier allemand Olaf Scholz, interrogé par une journaliste, avait lui aussi insisté sur le fait que Joe Biden s’était montré au sommet de l’OTAN «très concentré», accomplissant ce qu’ «un président des Etats-Unis doit faire».
Au-delà de ces sujets, le président français a souligné que les récentes visites à Moscou et Pékin du Premier ministre hongrois Viktor Orban, présent à Washington pour le sommet mais qui devait poursuivre par une visite à Donald Trump en Floride, n’avaient reçu «aucun mandat» de l’Union européenne. «C’est son choix, il l’a fait souverainement mais en faisant ses visites il ne nous a en rien engagés parce qu’il ne nous a en rien informés au préalable et n’a reçu aucun mandat», a insisté Emmanuel Macron.
C’était la première fois que le chef de l’Etat s’exprimait en public depuis son annonce, le dimanche 9 juin à l’issue des élections européennes, de sa décision de sa décision de dissoudre l’Assemblée nationale. Dans une lettre aux Français mercredi, il a appelé les «forces républicaines» à s’unir pour former une coalition gouvernementale «solide».