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Rupture

Législatives anticipées : Marion Maréchal rompt officiellement avec Eric Zemmour et appelle à soutenir des candidats RN

Après une campagne européenne qui s’est achevée dans un climat fratricide, la tête de liste Reconquête lâche son fondateur, mercredi 12 juin, après l’échec la veille des négociations avec son ancienne famille politique.
Au siège de Reconquête au soir des élections européennes. (Stéphane Lagoutte/Myop pour Libération)
publié le 12 juin 2024 à 21h23

Marion Maréchal a-t-elle réussi un coup de maître, à savoir un sabotage de l’intérieur façon cheval de Troie du parti d’Eric Zemmour au profit de son ancien clan ? Difficile à dire tant la saga des déchirements internes à Reconquête au cours de cette campagne des européennes ressemble davantage à des improvisations fortuites motivées par les haines d’un microcosme resserré sur son noyau, qu’à des plans machiavéliques bien ficelés. Mais c’est donc officiel : après le flop des tractations menées mardi 11 juin pour nouer d’éventuelles alliances avec le Rassemblement national dans la perspective des élections législatives anticipées, la nièce de Marine Le Pen appelle malgré tout, ce mercredi, à voter pour les candidats investis ou soutenus par la formation d’extrême droite. Et charge la responsabilité d’Eric Zemmour, en dénonçant «une triple faute», actant une rupture définitive. «Présenter des candidats de Reconquête dans les circonscriptions législatives, c’est prendre le risque infini de faire gagner des députés macronistes ou d’extrême gauche», a-t-elle ainsi justifié dans un communiqué.

Mardi, alors que le patron des Républicains, Eric Ciotti, arrangeait un accord avec le RN, aussitôt contesté par presque tous les cadres de sa formation, Marion Maréchal avait pris acte que Reconquête ne signerait rien cette fois-ci non plus, après un premier échec lors des législatives de 2022. Partis solos, les zemmouristes n’avaient alors obtenu aucun siège de député à l’Assemblée. Pourquoi se trouvent-ils de nouveau lâchés en rase campagne par le RN ? Les mêmes causes auraient produit les mêmes effets qu’il y a deux ans.

Une télénovela dramatique

Arrivée largement devant Zemmour au premier tour de l’élection présidentielle, Marine Le Pen n’avait pas vu l’intérêt de concéder des places à ceux qui avaient tenté de la supplanter. «Malgré mes tentatives de négociation, le regrettable argument qui m’a été avancé [est] qu’ils ne souhaitent aucune association directe ou indirecte avec Eric Zemmour», a ainsi expliqué la trentenaire dans ce même communiqué. Le parti d’extrême droite qui a obtenu 31,37 % aux élections européennes dimanche a-t-il eu seulement l’intention, cette fois, de toper ? Ou bien l’accord avec LR – enfin son seul président… – leur a-t-il semblé largement suffisant au point de faire dérailler les négociations ? La suite de la télénovela dramatique qui se déroule à l’extrême droite entre des partenaires objectifs constitués en rivaux, le dira sûrement.

Reste que Marion Maréchal, régulièrement soupçonnée d’être sur le point de retourner dans son ancienne famille politique, celle fondée par son grand-père, a réussi un petit exploit. Avec ses 5,47 % obtenus le 9 juin, la nièce de Le Pen s’assure un siège au Parlement européen, malgré une campagne au nom du mouvement de Zemmour, qui s’est achevée dans la haine mutuelle avec son leader. La trahison n’en est que plus facile. Elle est désormais élue, quand il est condamné à rester simple commentateur.