Enorme coup dur pour Emmanuel Macron. Richard Ferrand, l’un de ses grognards, président sortant de l’Assemblée nationale, est battu par son adversaire de la Nouvelle Union populaire écologique et sociale (Nupes), Mélanie Thomin, dans la 6e circonscription du Finistère : 50,67% contre 49,33% des suffrages exprimés, selon des résultats presque complets. Le frisson du premier tour – un résultat très serré avec 33,65% des voix contre 31,16% – se transforme en secousse pour la macronie : très proche du président sortant, fidèle d’entre les fidèles qui ne rate pas une réunion stratégique autour du président de la République, Ferrand est éjecté du perchoir alors qu’il comptait rempiler. Ses appels à éviter une cohabitation durant l’entre-deux-tours n’auront pas servi à grand-chose, sauf à doper, a priori, les suffrages de sa concurrente de gauche. Devant la presse ce dimanche soir, il a «pris acte des résultats» et du choix d’élire la Nupes Mélanie Thomin. «Je voudrais former pour elle, pour la France et pour notre territoire les vœux de plein succès», a fait savoir le président de l’Assemblée nationale.
Quel avenir pour l’ancien socialiste de 59 ans qui fut l’un des premiers à croire en Emmanuel Macron ? Pourra-t-il encore se mêler de la construction du nouveau parti de centre droit voulu par le président ? Même si le chef de l’Etat avait confié à son conseiller politique, le député européen Stéphane Séjourné, les clefs du chantier, c’est Ferrand qui, à l’automne dernier, avait reçu la mission de bâtir la maison commune, sorte de coalition de mouvements qui devait assurer la réélection du président de la République au pouvoir. Le voilà dépourvu de mandat national, lui qui avait fait son entrée au Palais Bourbon en 2012, avec la vague rose qui avait suivi l’élection de François Hollande. Demi-frondeur après l’affaire Cahuzac, il avait ensuite suivi Macron après avoir participé à la commission spéciale mise sur pied pour accompagner le texte de «libération de l’économie» défendu par Emmanuel Macron.
En 2017, nommé ministre de la Cohésion des territoires dès la constitution du gouvernement d’Edouard Philippe, Richard Ferrand avait dû partir un mois à peine après son entrée au sein de l’exécutif. L’affaire des Mutuelles de Bretagne lui avait coûté son poste. L’ancien socialiste, qu’on disait un temps sur les rangs pour viser la région Bretagne, avait ensuite fait son retour en macronie par la case perchoir en remplacement de François de Rugy, parti, lui, remplacer Nicolas Hulot, au ministère de la Transition écologique. Ce début de second quinquennat Macron est encore pire pour lui. Un naufrage.
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