Gabriel Attal serait-il l’un de nos plus fidèles lecteurs ? Lors du débat organisé sur France 2 à trois jours du premier tour des législatives, le Premier ministre a en tout cas évoqué à deux reprises des articles signés par notre journal pour tacler son adversaire d’extrême droite, Jordan Bardella. Et inauguré le premier échange de piques d’une soirée riche en clashes.
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Tout est parti d’une question : comment ramener le calme dans le pays ? «Le rôle des responsables politiques, c’est de chercher l’apaisement et de montrer l’exemple», a commencé par répondre l’ancien porte-parole de l’Elysée. Avant de dégainer sans sommation : «Monsieur Bardella ne peut pas se présenter ici comme l’homme du rassemblement, de l’apaisement». La raison ? Le programme de l’eurodéputé qui «stigmatise 3,5 millions de Français binationaux», estime-t-il à l’heure où le RN veut les empêcher d’occuper «des emplois extrêmement sensibles». Mais aussi la liste des candidats du parti de Marine Le Pen, parmi lesquels «une centaine» a déjà tenu «des propos racistes, antisémites et homophobes…»
Une plainte… jamais reçue
Le Premier ministre fait ici allusion à une enquête de Libération révélant la présence de dizaines de candidats ayant déjà tenu des propos répréhensibles dans les rangs lepénistes. Quelques jours après la parution de notre article, le RN avait d’ailleurs retiré son soutien à l’un d’entre eux, Joseph Martin. En lice dans le Morbihan, il avait écrit en octobre 2018 que «le gaz (avait) rendu justice aux victimes de la Shoah». En guise de défense, Jordan Bardella assure sur France 2 que ce dernier a «porté plainte» contre Libération. Si Joseph Martin, qui a entretemps été réintégré par le RN, a effectivement affirmé à l’AFP qu’il souhaitait attaquer notre journal – après avoir échangé la veille avec un de nos journalistes sur un ton beaucoup plus courtois – il n’a peut-être pas encore trouvé notre adresse : pour l’heure, nous n’avons reçu aucune plainte.
Autre article Libé mentionné par Gabriel Attal pour chatouiller son opposant : l’interpellation du fils d’un ancien cadre du RN après une agression homophobe à Paris. «Vivement dans trois semaines, on pourra casser du PD autant qu’on veut», avait déclaré l’un de ses comparses. Une illustration parmi tant d’autres permettant au Premier ministre de souligner les «pulsions de haine, de discrimination qui se sentent libérés» avec la montée du parti d’extrême droite.
Pour appuyer son propos, l’ancien ministre de l’Education évoque aussi une séquence devenue virale de l’émission «Envoyé Spécial» dans laquelle une sympathisante du RN insulte à répétition sa voisine. De quoi faire monter le ton entre les deux hommes qui finissent par s’écharper dans un brouhaha inaudible, alors qu’Olivier Faure reste silencieux, l’air un peu ébahi, debout au milieu des deux roquets déchaînés. En toute fin d’échange, on entend Jordan Bardella s’étrangler et traiter Gabriel Attal de «premier menteur de France».