Après la prise à partie d’Hervé Breuil sur un marché à Saint-Etienne, jeudi 20 juin, la fédération départementale du parti a décidé de suspendre la campagne dans la circonscription d’après France 3 Auvergne-Rhone-Alpes. Une enquête pour «violence en réunion» a été ouverte jeudi 20 juin à Saint-Etienne, selon le parquet de la ville. «Une bousculade, des insultes et des projections d’eau et de farine» ont eu lieu vers 11 h 30 sur un marché près de la Bourse du travail, a précisé le parquet, ajoutant que l’enquête a été ouverte par la police.
Hervé Breuil, 70 ans, s’est montré beaucoup plus vindicatif auprès de l’AFP : il assure avoir été «agressé» par «un groupe d’individus masqués». Selon un militant qui l’accompagnait, les agresseurs présumés étaient «quatre […] habillés tout en noir» et auraient agi dans le cadre «d’une attaque coordonnée, précédée de repérages».
Témoignages
Auprès de France 3 Auvergne-Rhone-Alpes, le procureur de Saint-Etienne David Charmatz est revenu sur les faits en ajoutant qu’«après une première altercation verbale sans conséquence, une seconde mettait aux prises ces personnes avec 4 individus au cours de laquelle des insultes étaient proférées et un coup de pied au postérieur était porté à M. Breuil».
Porteur d’un pacemaker, Hervé Breuil a été conduit aux urgences du CHU car son état de santé, «antérieur aux faits», «justifie des examens approfondis pour évaluer le retentissement que ceux-ci ont pu avoir sur sa personne», précise le magistrat à la chaîne locale. Selon la même antenne télé, le plaignant a fourni au procureur des vidéos et produit un certificat médical lui accordant 2 jours d’ITT. «Un examen par l’UMJ a été requis pour confirmation des conséquences médico-légales de ces faits le concernant», a ajouté le parquet. L’enquête se poursuit pour caractériser les faits et identifier les mis en cause, indique David Charmatz qui souligne que «les deux autres victimes potentielles» ont indiqué vouloir déposer plainte lundi.
Campagne suspendue
Ce vendredi matin, le responsable de la fédération départementale du RN, Michel Lucas, a donc décidé de suspendre la campagne 2e circonscription de la Loire. Il a appelé ses militants à cesser toute activité de campagne, «la sécurité n’étant plus assurée». D’après le responsable local du parti d’extrême droite, l’hospitalisation d’Hervé Breuil devrait durer huit jours, le candidat aurait fait un AVC après l’agression, a-t-il précisé.
Selon un militant du RN cité par France Bleu Saint-Etienne Loire, les personnes qui tractaient, au nombre de cinq «dont quatre personnes âgées», auraient été «poussées et menacées». Ce militant a déclaré à France Bleu avoir reconnu certaines personnes, qu’il identifie comme étant «proches de LFI, d’organisations communistes révolutionnaires».
«Ce n’est pas du tout notre politique de cacher nos identités et on a toujours revendiqué nos actions, comme lors de la venue de Glucksmann», a indiqué à Libération un militant des Jeunes communistes de la Loire (JC42), qui pourrait être l’une des organisations ciblées par les propos du militant RN. «Le RN a la volonté d’attiser les tensions, de décrédibiliser leur adversaire de gauche, qui a l’air plutôt favorite sur cette circonscription. Ça vient d’un petit groupe d’extrême droite assez mal implanté mais d’une branche dure, avec des propos offensifs et une stratégie de la polémique», déplore la JC42. Compte tenu de «l’urgence», l’organisation de jeunesse, d’ordinaire en rupture avec le processus électoral, a décidé de soutenir la campagne du Nouveau Front populaire (NFP).
Sur le réseau social X (ex-Twitter), Andrée Taurinya, la députée LFI sortante de cette circonscription, qui se représente sous la bannière du NFP, a nié toute implication de membres de son mouvement : «A La France Insoumise, nous bannissons la violence physique en politique. Jamais on ne s’en prendra à un candidat.»
Aucune action n'était prévue aujourd'hui au marché Albert Thomas. Nos militants étaient sur le marché Saint-Roch à ce moment là.
— Andrée Taurinya (@AndreeTaurinya) June 20, 2024
A la France Insoumise, nous bannissons la violence physique en politique. Jamais on ne s'en prendra à un candidat. https://t.co/UyI08mVqgi pic.twitter.com/UKFe20K88E
Mais il n’en fallait pas plus pour que la patronne de la formation d’extrême droite, Marine Le Pen, accuse «les milices d’ultragauche, soutiens du Nouveau Front populaire», d’avoir «lâchement agressé» le candidat du Rassemblement national. «Une campagne électorale dans une démocratie ne saurait admettre ce déchaînement d’ultraviolence d’une extrême gauche prête à tout pour semer le chaos», a réagi jeudi soir l’ancienne candidate à l’élection présidentielle sur X.
D’autres groupes politiques ou médias pourraient aussi tenter d’instrumentaliser cette affaire sans même attendre les conclusions du parquet de Saint-Etienne.
Mis à jour : à 21 h 17 avec ajout de la réaction d’un militant des Jeunes communistes de la Loire.