«Je considère qu’il n’y a pas de changement de règle.» On confesse s’être légèrement étouffé en entendant Macron dans la soirée du mardi 16 janvier, lors de sa conférence de presse, justifier ainsi la nomination de Dati au ministère de la Culture malgré sa mise en examen pour «corruption passive», «trafic d’influence passif», «recel d’abus de pouvoir» et «recel d’abus de confiance». Car cela est contraire à sa promesse de campagne de 2017, à savoir qu’«un ministre doit quitter le gouvernement lorsqu’il est mis en examen», ce qui était conforme à la jurisprudence Balladur. Promesse largement reniée depuis, notamment avec le maintien d’Alain Griset (qui n’a démissionné qu’après sa condamnation) ou d’Eric Dupond-Moretti (depuis relaxé par la Cour de justice de la République).
Il n’y avait donc déjà plus de «règle» en la matière, comme l’avait maladroitement confirmé Olivia Grégoire en 2022, alors porte-parole du gouvernement. Mardi soir, Macron a aussi expliqué sa nouvelle doctrine qui n’est pas nouvelle : «Je me suis appuyé sur un changement des règles simples : depuis dix ans maintenant, il n’y a plus d’instructions individuelles sur les dossiers. Il y avait une vieille jurisprudence en effet dans notre pays qui faisait que quand un ministre était mis en examen, il devait quitter la table du Conseil [des ministres] parce qu’il avait un de ses collègues [le ministre de la Justice, ndlr] qui pouvait donner une instruction individuelle au parquet. C’est interdit maintenant, il n’y en a plus.» Sauf qu’en 2017, cet état de fait existait déjà, ce qui ne l’avait pas empêché de promettre l’exemplarité totale. Mais le changement (qui n’en est pas un), ça n’est que maintenant.
Déjà une annonce de candidature
Ce n’est pas la seule preuve que Dati semble vraiment pouvoir faire ce qu’elle veut au gouvernement. Six jours à peine après son entrée au gouvernement, la maire du VIIe arrondissement de Paris a confirmé sur RTL ce mercredi être «bien sûr» candidate aux municipales dans la capitale en 2026. Où l’on se souviendra qu’en 2019, les ministres Nathalie Loiseau (tête de liste aux européennes) mais aussi Mounir Mahjoubi et Benjamin Griveaux (candidats à la candidature pour Paris) avaient tous trois dû démissionner du gouvernement pour «appliquer la doctrine du chef de l’Etat qui juge incompatible d’être ministre tout en menant une campagne électorale», comme le rappelait alors France 24. Quelque chose nous dit que l’actuelle ministre de la Culture bénéficiera, là encore, d’un fort opportun changement de règle.