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Le fétichisme des mots pourrit la conversation nationale et piège jusqu’aux plus scrupuleux et honnêtes débatteurs. Michel Foucault, dans les Mots et les Choses (Gallimard, 1966), expliquait que les «conditions de vérité», qui définissent les conditions du discours, changent selon les périodes de l’histoire. Cette idée facilement compréhensible s’agissant du discours scientifique vaut pour l’ensemble des sujets. Les mots de nos discours, les termes de nos argumentaires changent d’acception selon les rapports de force et les situations politiques du moment.
Ainsi, le mot «intégration» était celui des défenseurs de l’Algérie française au début des années 1960 et celui, fort différent, des antiracistes de SOS Racisme dans les années 1980. Le terme «identité de la France», dans ces années 80, évoquait notre caractère, notre art de vivre, la variété de nos paysages. Le vocable «identité française» aujourd’hui parle de racines, de religion, d’origines ethniques. Ceux qui regrettent que l’acception du mot «identité» des années 80 n’ait plus court doivent se battre pour imposer une nouvelle acception, mais ils ne peuvent pas décider que ce mot est à bannir.