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Postes clés

Les Républicains : Bruno Retailleau modèle une équipe dirigeante à sa main

Sans Laurent Wauquiez, le nouveau patron du parti a composé un groupe de fidèles, chargés en priorité de préparer les municipales de 2026.
Bruno Retailleau après son élection à la tête du parti Les Républicains, le 18 mai 2025. (Kiran Ridley/AFP)
publié le 22 mai 2025 à 16h49

Elu président du parti Les Républicains en décembre 2022, Eric Ciotti avait mis cinq semaines avant d’accoucher d’un organigramme pesé au trébuchet, tenant compte de sa courte victoire (53,7 %) contre Laurent Wauquiez : à la vice-présidence, un intenable duo entre le néo-chiraquien Aurélien Pradié et le très conservateur François-Xavier Bellamy. Sacré dimanche 18 mai par près de 75 % des adhérents LR, son successeur Bruno Retailleau avait les coudées plus franches pour composer la nouvelle équipe dirigeante du parti.

Sans surprise, le nouveau chef de LR a placé ses proches aux postes clés de l’appareil. Chef de file de la délégation LR au Parlement européen, Bellamy devient vice-président délégué. Artisan de la campagne victorieuse, Othman Nasrou, éphémère secrétaire d’Etat de Michel Barnier et vice-président d’Ile-de-France, est le nouveau secrétaire général. «Le VP est un doublon, le SG est chargé de l’animation de l’appareil», décrypte un proche de Retailleau. «Il voulait un top 5 qui lui soit entièrement dévoué avec seulement des gens très proches de lui», ajoute un membre de la nouvelle équipe.

A ses côtés, Nasrou trouvera cinq adjoints : Kristell Niasme, élue maire de Villeneuve-Saint-Georges (Val-de-Marne) en février face au député La France insoumise Louis Boyard ; la vice-présidente du groupe à l’Assemblée Justine Gruet, qui soutenait Wauquiez pendant la campagne, tout comme le maire de Valence, Nicolas Daragon ; Béatrice de Montille, élue à Lyon et membre de Nouvelle énergie, le mouvement de David Lisnard ; et Pierre-Henri Dumont, adjoint au maire de Marck (Pas-de-Calais) et ancien député. Des femmes, des jeunes… «La photo des mâles blancs le soir des résultats au siège a infusé dans le bon sens», se marre une élue LR.

Wauquiez «sera associé dans toutes les instances dirigeantes»

«Ces élus engagés auront pour mission de poser les fondations d’une droite assumée et de préparer les conditions d’une vague bleue aux élections municipales de mars 2026», écrit Retailleau dans un communiqué. Les candidats pour ce scrutin seront d’ailleurs désignés par une commission nationale d’investiture présidée par la ministre de l’Agriculture, Annie Genevard. Exit Michèle Tabarot, nommée à ce poste par Ciotti, et soutien de Wauquiez durant la campagne.

Le député de Haute-Loire, lui, ne figure pas dans cette nouvelle équipe. Au Parisien ce jeudi 22 mai, le ministre de l’Intérieur affirme lui avoir «proposé d’être vice-président». Ce que dément l’entourage de Wauquiez. Comme patron du groupe LR, Wauquiez «sera associé dans toutes les instances dirigeantes», précise Retailleau. Les postes de vice-présidences, de secrétaires nationaux, ainsi que les sièges au bureau politique et à la commission nationale d’investiture, seront, eux, dévoilés dans un second temps, «à l’issue des consultations engagées».

Le trésorier historique remercié

A la tête de la puissante fédération de Paris, la première de France avec plus de 10 000 encartés, la sénatrice Agnès Evren est nommée porte-parole. A ses côtés : sa collègue des Alpes-Maritimes Alexandra Borchio Fontimp, qui avait pourtant soutenu Ciotti en 2022, avant de le désavouer dans son ralliement au RN ; et Jonas Haddad, jeune figure du parti, vice-président de la région Normandie. Comme annoncé mardi 20 mai à la sortie du premier conseil stratégique, Michel Barnier est nommé président du conseil national, l’équivalent du parlement du parti. Il succède à Rachida Dati.

Autre changement, remarqué, et incompris par certains à droite : le trésorier Daniel Fasquelle est remplacé par Pierre Danon. Maire du Touquet, Fasquelle avait été nommé par Nicolas Sarkozy en 2014. Après avoir traversé plusieurs crises, comme l’affaire Bygmalion, Fasquelle se dit dans un message interne «heureux de passer le relais» après «avoir redressé les comptes et l’image de ce parti». Sous son autorité, avance-t-il, la dette de 75 millions du parti a été remboursée à hauteur de 80 %.

Figure discrète de la droite et ancien patron de Numericable, Danon était l’homme des réseaux économiques et financiers de François Fillon. Dimanche soir, un autre financier, engagé dans la campagne présidentielle du Sarthois en 2017, était présent aux côtés de Retailleau : Arnaud de Montlaur. Le signe que le ministre de l’Intérieur se structure en vue de 2027 ? «La droite a trop longtemps souffert de ses divisions et de sa paresse intellectuelle, écrit l’intéressé dans son communiqué. Il est temps de tourner la page. Place désormais au collectif et au travail.»