La rentrée sera mouvementée. François Bayrou a accompli l’exploit de remettre sur pied l’intersyndicale de 2023 qui s’était opposée à la réforme des retraites. Réunie au siège de la CFDT vendredi 29 août, celle-ci a annoncé une journée nationale de grève et de manifestations le 18 septembre, autour de revendications budgétaires.
L’intersyndicale (CFDT, CGT, FO, CFE-CGC, CFTC, Unsa, FSU et Solidaires), qui s’était retrouvée à 8 heures du matin, avait préalablement lancé une pétition qui recueillait jeudi 360 000 signatures. Face au «musée des horreurs» des propositions du Premier ministre et à «une grande colère» en France, l’intersyndicale doit aussi définir quelles revendications porter et «un mot d’ordre qui permette […] à tous ceux qui veulent manifester de le faire», avait déclaré jeudi soir sur BFMTV la dirigeante de la CFDT Marylise Léon.
Le 10 septembre divise
L’appel à manifester suivra donc d’une bonne semaine celui déjà lancé le 10 septembre, dans le cadre du mouvement «bloquons tout». Ce mouvement aux contours flous, qui rappelle celui des gilets jaunes fin 2018-début 2019, a reçu le soutien de la CGT, malgré les réserves de sa cheffe de file Sophie Binet, qui craint un «noyautage de l’extrême droite». Après une réunion de son instance dirigeante cette semaine, la centrale de Montreuil (Seine-Saint-Denis) avait dit souhaiter que cette date soit une «première étape réussie» et a appelé «à construire la grève partout où c’est possible».
Plusieurs fédérations cégétistes, dont celles de la chimie ainsi que du commerce et des services, comme plusieurs unions départementales, ont appelé ces dernières semaines à se mobiliser le 10 septembre.
Le mouvement est désormais globalement soutenu par la gauche, avec en plus, pour La France insoumise, un appel à la grève générale. Solidaires a rejoint l’appel à la mobilisation. Force ouvrière devrait aussi officiellement se déterminer ce vendredi sur le 10 septembre. Son chef de file Frédéric Souillot a toutefois déjà dit rester «à distance» d’un mouvement dont certains groupes rejettent les syndicats représentatifs.
Mais tous les syndicats ne danseront pas du même pied le 10 septembre. La CFDT n’appuie pas l’appel, car «tout bloquer, la désobéissance, ce n’est pas la méthode de la CFDT», fait valoir sa secrétaire générale Marylise Léon : «Le syndicat ne répond pas aux injonctions des partis politiques.» Le mouvement n’est pas non plus au goût de la CFE-CGC, que son président François Hommeril qualifie d’«appel aux origines nébuleuses et aux exigences baroques, qui plus est pollué par une récupération politique conjoncturelle».