A l’heure où les écologistes se lancent dans leur primaire pour désigner, en septembre, leur candidat à la présidentielle de 2022, il est d’abord nécessaire de chasser les souvenirs qui seraient de nature à enterrer d’emblée le sérieux de cette affaire. En 2001, désigné, Alain Lipietz sera finalement remplacé dans une ambiance délétère par Noël Mamère. Six ans plus tard, le second tour est si serré entre Dominique Voynet et Yves Cochet qu’un «deuxième second tour» est organisé, gagné par l’ancienne ministre de Lionel Jospin qui plafonnera à 1,57 % lors du premier tour de la présidentielle. 2011 ? Nicolas Hulot se lance en politique mais les votants lui préfèrent la juge Eva Joly. La dernière primaire voit Yannick Jadot l’emporter sur la favorite Cécile Duflot, puis se désister en faveur de Benoît Hamon, avec le succès que l’on sait. En résumé : l’histoire des Verts avec leurs primaires est un brin tumultueuse. Elle leur vaudra d’être moqués. Et leur meilleur résultat, les 5,25 % de Noël Mamère, restent associés à un 21 avril de sinistre mémoire. C’était il y a 20 ans. L’eau du dérèglement climatique a depuis coulé sous les ponts. Les écolos bénéficient aujourd’hui du fait d’avoir été les premiers à comprendre l’urgence environnementale et peuvent légitimement sourire face au verni du «tous écolos» que revendiquent certains de leurs concurrents politiques. Cahin-caha, les Verts ont grandi. Ils dirigent de grandes collectivités. Ils revendiquent même d’être désormais le cœur battant de la gauche de gouvernement. Il n’empêche. Cette édition 2021 de leur primaire doit consacrer cette maturité encore fragile. Cela se mesurera à leur capacité à ne pas transformer leur compétition interne en guéguerre infantile et destructrice des têtes qui dépassent. Ils devront bien sûr insister sur l’urgence verte, mais surtout sur les solutions écologiques, économiques, sociales qu’ils proposent. Et éviter d’insulter l’avenir de leurs partenaires à gauche pour préserver les options de rassemblement.
Présidentielle
Les Verts et la primaire, une histoire tumultueuse
A l'issue de leur primaire, les écologistes devront insister sur l’urgence verte, mais surtout sur les solutions écologiques, économiques, sociales qu’ils proposent. (Aimée Thirion/Libération)
par Paul Quinio
publié le 8 juillet 2021 à 21h22
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