Julie Ayçaguer se réjouit. «Ça y est, les avocettes ont eu leurs petits !» La chargée de mission Natura 2000 chausse ses jumelles et détaille, à quelques dizaines de mètres, l’îlot de verdure où deux poussins duveteux pistent leur mère avant de se mettre à l’eau en file indienne. Nous sommes en Loire-Atlantique dans le marais salant de Millac. L’îlot que Julie Ayçaguer observe ce matin fait partie de la quarantaine d’espaces créée depuis 2018 dans le cadre du programme Life Sallina afin de favoriser la nidification de l’avocette élégante, cet oiseau au long bec recourbé et aux pattes bleues élancées. «Avec les îlots, on évite les prédateurs terrestres, comme les renards ou les fouines», complète Julie Ayçaguer. Le coût du programme qui concerne aussi les marais voisins de Noirmoutier, de Guérande et du Mès, s’élève à presque 5 millions d’euros, financés à 60 % par l’Union européenne. Pendant cinq ans, il s’est donné pour but de restaurer le marais pour accroître sa biodiversité, les oiseaux mais aussi la végétation, grâce à une meilleure circulation de l’eau.
A regarder le marais, paisible ce matin, sa succession de bassins plus ou moins clairs où se mirent les nuages dans une vague odeur de saumure et de vase, on ne peut s’imaginer la lutte interespèces qui s’y trame. Il y a l’obione et