On l’attendait plutôt sur un portefeuille régalien. Mais c’est finalement à Matignon que l’ancien député européen, Arnaud Danjean, va atterrir dans un poste très politique de «conseiller spécial». «Le Premier ministre me demande de lui apporter, sur tous les sujets qu’il juge utiles, une appréciation politique et personnelle dont il fera ce qu’il veut mais qui repose sur une confiance éprouvée depuis plus de vingt ans, explique au Figaro cet homme de 53 ans qui avait pourtant arrêté sa carrière politique après la fin de son mandat à Strasbourg à l’issue des européennes de juin. Cela peut être une question très politique, un sujet européen, de défense, etc. C’est une mission flexible à la discrétion totale de Michel Barnier.»
Pressenti pour entrer au Quai d’Orsay ou aux Armées, ce spécialiste des questions de défense - il a notamment été en poste pour la DGSE dans les Balkans pendant et après la guerre en Bosnie - est censé apporter un appui politique à un chef de gouvernement qui va devoir composer entre plusieurs composantes du camp présidentiel mais aussi résister aux ambitions présidentielles au sein de LR. «Il m’a sollicité assez rapidement après sa nomination, à l’instar de nombreux anciens collaborateurs car Michel Barnier est un homme de fidélité», ajoute dans cet entretien celui qui a déjà accompagné le nouvel hôte de Matignon dans un cabinet ministériel, c’était en 2005, où il était chargé des Balkans et de l’Afghanistan.
Un cabinet aux allures de droite pré-macronienne
Conseiller régional en Bourgogne entre 2010 et 2015, le natif de Saône-et-Loire dit aussi vouloir apporter son «ancrage très provincial, de façon à ne pas être prisonnier d’un prisme parisien parfois excessif chez les responsables politiques». «Dans toutes les fonctions que j’ai été amené à exercer, que ce soit au ministère de la Défense, en tant qu’élu européen ou élu local, en Bourgogne, j’ai toujours essayé de concilier, avec pragmatisme, une approche stratégique et la prise en compte des réalités de terrain, insiste-t-il. Je pense, modestement, que cette capacité à ne jamais s’enfermer dans le confort d’un entre-soi un peu hors sol, peut être utile auprès d’un responsable public.»
Dans l’attente de l’annonce du prochain gouvernement, promis par Michel Barnier pour la semaine qui vient, le Premier ministre compose, en tout cas, un cabinet qui prend des allures de recomposition d’une droite pré-macronienne. Outre le directeur de cabinet, Jérôme Fournel - passé dans les cabinets Raffarin et Villepin avant de rejoindre Gérald Darmanin à Bercy en 2017 puis Bruno Le Maire au début de cette année - et l’ancien préfet de Paris et ex-délégué interministériel aux grands événements sportifs, Michel Cadot, entré comme conseiller - et qui a été directeur de cabinet de Michèle Alliot-Marie et Brice Hortefeux à Beauvau - le chef du prochain gouvernement a choisi Romain Marleix (fils de l’ex-ministre Alain Marleix et frère de l’ancien patron des députés LR, Olivier Marleix) pour assurer la fonction stratégique de conseiller parlementaire. Un petit monde.