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Accusations

Marseille : l’insoumis Sébastien Delogu visé par une main courante pour menaces déposée par un potentiel candidat aux municipales

Saïd Ouichou, médecin et prétendant aux élections municipales marseillaises, s’est rendu au commissariat lundi 18 août après des propos du député LFI, désormais habitué aux polémiques.
Sébastien Delogu à l'Assemblée nationale, le 8 avril. (Thomas Samson/AFP)
publié le 19 août 2025 à 16h45

Sur les murs de Marseille, la bataille municipale a déjà commencé. Partout dans la ville, bien au-delà de sa circonscription, on peut voir le visage du député insoumis Sébastien Delogu, qui ne cache pas son ambition municipale. Bien moins médiatique, Saïd Ouichou a lui aussi commencé une campagne d’affichage dans les 15e et 16e arrondissements de la ville, qui correspondent à la circonscription de l’insoumis – et au fief de la médiatique adjointe au maire Samia Ghali. Médecin généraliste dans les quartiers Nord, fondateur d’un collectif contre la violence envers les soignants, Saïd Ouichou avait prévenu Sébastien Delogu, qui est par ailleurs son patient et qu’il connaît depuis des années, de son intention d’être candidat à la mairie de secteur.

Constatant que ses affiches étaient systématiquement recouvertes, le médecin a écrit au député pour lui demander de veiller à ce que ses militants cessent d’agir de la sorte. «Je constate avec regret que plusieurs de mes affiches ont été recouvertes par les tiennes, alors même que j’ai donné pour consigne à mes équipes de ne jamais arracher ni couvrir les affiches des autres candidats – y compris les tiennes», a-t-il écrit, dans un message que Libération a consulté. «La campagne est un moment démocratique essentiel, qui doit pouvoir se dérouler dans un climat apaisé et digne. C’est à nous de montrer l’exemple. Je t’invite donc à faire en sorte que tes équipes respectent ce principe de courtoisie républicaine. Nous pouvons défendre nos idées avec force, sans pour autant mépriser le travail des autres», souligne le médecin, qui se dit pour l’instant sans étiquette.

«Ne me parle plus jamais de politique. Je ne te le permets pas, lui a répondu le député. Restons dans un cadre de médecin à patient. S’il te plaît, reste à ta place… C’est la dernière fois que je te le dis.»

«Je ne me sens pas en sécurité»

Heurté, Saïd Ouichou a décidé de déposer une main courante lundi 18 août. «Je ne me sens pas en sécurité. Je viens par précaution, je préfère laisser une trace», a-t-il affirmé dans sa déclaration de main courante au commissariat du 12e arrondissement de Marseille, consultée par Libération. «Je combats la violence donc je refuse de ne pas réagir face à ce genre d’intimidations», explique-t-il.

Contacté, Sébastien Delogu s’est pour l’instant contenté de répondre par un gif de Jean-Luc Mélenchon comportant la phrase «tout le monde râle tout le temps», accompagné de l’article du Figaro sur le même sujet.

Ce n’est pas la première fois que l’ancien chauffeur de Jean-Luc Mélenchon est visé par des accusations. Condamné pour violences aggravées sur un proviseur adjoint du lycée Saint-Exupéry et sur une conseillère principale d’éducation – il a fait appel –, visé par une double perquisition dans le cadre d’une enquête pour «vol et recel de vol de documents», Sébastien Delogu est connu à Marseille pour fonctionner aux «coups de pression», n’hésitant pas à intimider ses potentiels concurrents.

Désormais habitué aux coups d’éclat, le député agace jusque dans les rangs insoumis. Fait assez rare pour être signalé, LFI fonctionnant généralement comme une tortue romaine qui serre les rangs peu importe les erreurs commises, le mouvement avait pris ses distances avec l’élu après son déplacement en Algérie en juillet. Sur place, il avait notamment fait la promotion d’une société touristique algérienne sur les réseaux sociaux. Mais c’est surtout son silence sur le sort du journaliste Christophe Gleizes, condamné à sept ans de prison ferme en Algérie notamment pour «apologie du terrorisme», et sur le cas de l’écrivain Boualem Sansal, qui avait suscité la gêne au sein du mouvement de Jean-Luc Mélenchon. «Le député Sébastien Delogu s’est exprimé de façon personnelle en Algérie. Il n’engage ni les groupes parlementaires de La France insoumise ni le mouvement», avait réagi la direction de LFI alors que le député avait veillé à organiser ce déplacement en secret.

«Il a vrillé»

«Ce communiqué est un blâme, expliquait alors un militant insoumis. Il a intérêt à se recadrer. Il a vrillé depuis son explosion médiatique. Le problème, c’est que LFI ne fait pas le taf, le mouvement n’accompagne pas les gens comme Sébastien qui ne sont pas habitués au monde politique. Et quand ça ne leur convient plus, ils les débranchent…»

Mais beaucoup estiment aujourd’hui que le député, véritable figure dans les quartiers Nord de Marseille, est devenu indébranchable, a fortiori à un an des municipales. On y murmure même qu’il réfléchirait à lancer son propre mouvement, bien conscient d’être sur la sellette. Cet été, sur Instagram, Sébastien Delogu a d’ailleurs donné rendez-vous dans quelques semaines à ses abonnés pour une annonce.