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«L’islamophobie se déchaîne» : la classe politique s’indigne après la découverte de têtes de cochon devant des mosquées en région parisienne

Bruno Retailleau est jugé «responsable» par une partie de la gauche d’un climat permettant la recrudescence des actes ciblant la communauté musulmane. Le Rassemblement national, lui, n’est guère disert.

Dans une mosquée de Montreuil, ce mardi 9 septembre 2025. (Bertrand Guay/AFP)
Publié le 09/09/2025 à 17h06

Sur fond de bond de 75 % des actes islamophobes recensés en France depuis le début de l’année, l’indignation est vive : «profanation», «abjection absolue» ; «provocations intolérables» : le personnel politique a vivement réagi ce mardi 9 septembre face à la découverte de têtes de cochon devant plusieurs mosquées de Paris et d’Île-de-France.

«C’est absolument inadmissible, a martelé ce mardi matin le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, devant la presse. J’espère qu’on retrouvera celles et ceux qui ont pu commettre cette sorte de profanation», a-t-il déclaré à l’issue d’une réunion des dirigeants du parti Les Républicains.

Le Président Emmanuel Macron s’est entretenu dans l’après-midi avec les représentants de la communauté musulmane de Paris et leur a exprimé son «soutien». Idem pour Gabriel Attal, le chef du parti Renaissance, qui a dit son «soutien aux fidèles et aux responsables de ces mosquées, ainsi qu’à tous les musulmans de France».

Ces têtes de porc, animal considéré comme impur par l’islam, ont notamment été découvertes devant plusieurs mosquées de Paris, ainsi qu’à Montreuil (Seine-Saint-Denis), Gentilly, Montrouge et Malakoff (Hauts-de-Seine). Le mot «Macron» a été peint en bleu sur l’un des lieux, a ajouté le parquet de Paris.

Laurent Nuñez, préfet de police de la capitale, a appelé à la «prudence» dans cette affaire, estimant qu’on «ne peut s’empêcher de faire des rapprochements avec des actions précédentes […] dont il a été avéré que c’étaient des actions d’ingérence étrangère», comme les étoiles de David, des mains rouges et les cercueils.

Les leaders des partis de gauche ont eux aussi exprimé leur dégoût de ces actes. «L’islamophobie est un cancer de la société. Soutien à nos compatriotes musulmans encore une fois visés», a souligné le coordinateur national de LFI, Manuel Bompard. «Au début, la fachosphère s’en prenait aux clandestins, puis est venu le tour des immigrés en situation régulière, ensuite celui des binationaux, maintenant les Français musulmans sur leurs lieux de culte», a déploré le premier secrétaire du Parti socialiste, Olivier Faure.

Mais leurs critiques ont aussi visé Bruno Retailleau. D’après Jean-Luc Mélenchon, «l’islamophobie se déchaîne en France», en raison notamment de récentes «saillies» du ministre démissionnaire de l’Intérieur. Ajouté aux médias de Bolloré, ils «sont les responsables du climat qui permet ces actes de terreur contre les fidèles de mosquées», a cinglé la députée Générations Sophie Taillé-Polian.

Discrétion du RN

Du côté de l’extrême droite, si le porte-parole du groupe RN à l’Assemblée, Thomas Ménagé, a qualifié cet acte de «provocations intolérables» à l’encontre des Français de confession musulmane, Jordan Bardella et Marine Le Pen ne se sont pour le moment pas exprimés sur le sujet.

L’enquête pour provocation à la haine aggravée par la discrimination en raison de l’appartenance à une race ou religion a été confiée à la brigade criminelle de la préfecture de police de Paris, selon le parquet de la capitale, qui centralise les investigations.