Un journaliste peut-il assister secrètement un homme politique dans l’écriture d’un livre ? En particulier si celui-ci est l’intervieweur vedette d’une chaîne du service public et que celui qu’il conseille est le patron du parti d’extrême droite en tête dans les sondages ? Selon un article du Monde paru le 13 mars, le journaliste de France Info Jean-François Achilli aurait contribué à l’élaboration d’une autobiographie de Jordan Bardella. Le jour suivant ces révélations, le présentateur de l’émission les Informés était suspendu de l’antenne à titre conservatoire.
Depuis, la ligne de défense d’Achilli consiste à dire qu’aucun contrat ne le liait avec Bardella, ni avec un éditeur, et qu’il n’aurait reçu aucune rémunération en échange de ses services auprès de la tête de liste aux élections européennes. Une défense reprise par le RN et ses relais médiatiques made in Bolloré. Mais selon de nouvelles informations du Monde, lors de l’entretien avec sa direction le 14 mars, le journaliste aurait concédé un peu plus que ses déclarations publiques. Il a notamment admis avoir rencontré l’éditrice Lise Boëll, connue notamment pour avoir édité Eric Zemmour. Elle vient de prendre la tête de Mazarine, au sein du groupe Hachette tout juste tombé dans l’escarcelle de Vincent Bolloré. C’est elle qui est susceptible d’éditer le livre de Jordan Bardella.
Si Jean-François Achilli nie toujours avoir travaillé le texte du patron du RN, il reconnaît l’avoir lu, avoir fait des «retours», et émis des «avis», d’après le Monde. Un peu plus que «de simples échanges» sur un «projet» qu’il aurait «refusé», selon sa ligne de défense publique, au moment de sa suspension d’antenne. Jean-François Achilli est convoqué à un entretien préalable à une éventuelle sanction, prévu le 2 avril.