Un texte largement adopté et une gauche divisée. Les députés ont approuvé ce mardi 1er avril en première lecture une proposition de loi sénatoriale pour «sortir la France du piège du narcotrafic», un texte clé de la politique de sécurité du gouvernement qui a suscité de vifs débats dans l’hémicycle.
La proposition de loi a été approuvée par 436 voix contre 75. La coalition gouvernementale et le RN ont voté pour, tandis que la gauche s’est divisée : le PS a voté pour, LFI contre, tandis que les députés écologistes et GDR (communistes et élus d’outre-mer) se sont majoritairement abstenus. Elle avait été approuvée à l’unanimité au Palais du Luxembourg le 4 février
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Si l’ensemble des groupes se sont accordés sur ses objectifs face à un fléau qui a largement débordé les métropoles, ils se sont souvent affrontés sur l’impact des mesures envisagées sur les libertés publiques et les droits de la défense, et sur leur efficacité. Rares sont finalement les dispositions à faire consensus, comme la création d’un parquet national anticriminalité organisée (Pnaco), au cœur du texte, ou la mise en place d’un régime plus attractif pour les «repentis».
Des «dispositions positives» et des «mesures liberticides»
«Le texte est pire qu’à l’issue de la commission des lois, et ne permettra pas de sortir la France du narcotrafic», a jugé le député LFI Antoine Léaument. Du côté des Ecologistes, Léa Balage El Mariky souligne qu’il y a dans le texte des «dispositions positives», mais aussi des mesures «liberticides». La communiste Elsa Faucillon a, elle, estimé que l’introduction dans le texte de quartiers de haute sécurité était une «barrière infranchissable» pour son groupe.
S’ils ont voté pour, les socialistes n’excluent pas de saisir le Conseil constitutionnel si certaines dispositions sont maintenues dans le texte final, qui doit être «modifié et équilibré», a jugé la porte-parole du groupe Mélanie Thomin.
Face aux trafiquants, «nous ne sommes pas dans un combat à armes égales», avait défendu le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau qui, avec son collègue de la Justice Gérald Darmanin, a soutenu ce texte d’origine parlementaire. Une fois la proposition de loi adoptée, le gouvernement devrait convoquer une commission mixte paritaire permettant aux sénateurs et députés de s’accorder sur une version commune du texte. Son adoption définitive est prévue le 28 avril au Sénat et le 29 à l’Assemblée.