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Loi contre le narcotrafic : le vote à l’Assemblée décalé de quelques jours

Les députés n’ont pas réussi à examiner tous les amendements déposés sur le texte, lundi. Le vote, qui devait avoir lieu ce mardi 25 mars, a donc été décalé. L’examen pourrait reprendre en fin de semaine.
Le vote sur la loi a été reporté, le temps de finir d'examiner le texte. (Amaury Cornu/Hans Lucas. AFP)
publié le 25 mars 2025 à 10h44

Le projet de loi en stand by. Les députés ne sont pas parvenus, lundi 24 mars, à aller au terme de l’examen de la proposition de loi visant à lutter contre le narcotrafic, ce qui va contraindre l’Assemblée à reporter le vote solennel qui était normalement prévu ce mardi après-midi. Le président de séance Jérémie Iordanoff (Les Ecologistes) a mis fin à la séance à minuit, 88 amendements restant en discussion. L’examen du texte pourrait reprendre jeudi soir ou vendredi, selon ce que décidera la conférence des présidents ce mardi, explique l’un des rapporteurs du texte, le macroniste Vincent Caure.

Dans l’après-midi, les députés avaient rétabli plusieurs mesures supprimées en commission. Ils ont ainsi approuvé des dispositions visant à permettre aux enquêteurs l’activation à distance d’objets connectés – appareils électroniques ou téléphones mobiles –, afin d’écouter et filmer à leur insu les personnes visées. Les opposants à cette technique spéciale d’enquête ont rappelé qu’un tel dispositif, prévu dans le grand projet de loi sur la justice de l’ex-Garde des Sceaux Eric Dupond-Moretti, avait été censuré par le Conseil constitutionnel fin 2023.

Vincent Caure a fait valoir lundi que la rédaction choisie tenait compte de cette jurisprudence, en limitant pour les appareils électroniques l’utilisation de cette technique au «plus haut du spectre en termes de criminalité organisée». S’agissant des appareils mobiles elle sera cantonnée aux infractions les plus graves, pour une durée limitée, en excluant certaines professions. Egalement rétablie, une mesure permettant la prolongation jusqu’à 120 heures de la garde à vue des «mules», les personnes qui transportent de la drogue «in corpore».

A droite toute

Dans un hémicycle clairsemé, la gauche n’est pas parvenue à contrer le vote convergeant du «socle commun» et du RN. Lors des débats en commission, le rapporteur Eric Pauget (LR) avait expliqué que «prolonger la garde à vue des mules permett(raient) de recueillir des éléments de preuve qui contribuent à l’enquête». Il avait souligné que «toutes les garanties permettant de préserver les droits de la personne gardée à vue s(eraient) préservées – consulter un avocat, contacter un proche… –, et (que) la mesure se déroule(rait) au sein d’une unité médicale légale».

L’Assemblée a aussi approuvé divers amendements durcissant le texte, malgré l’opposition de la gauche. Ainsi d’un amendement d’Olivier Marleix (LR) instaurant une peine complémentaire d’interdiction du territoire pour les étrangers condamnés à une peine de prison d’au moins cinq ans pour trafic de stupéfiant, avec une possibilité d’exemption par décision spécialement motivée du juge, afin de respecter le principe d’individualisation de la peine. Ils ont aussi approuvé un amendement d’Éric Pauget pour créer une circonstance aggravante (et alourdir les peines) lorsque les infractions liées au trafic de stupéfiants sont commises en étant en possession d’une arme.

Éric Pauget a également fait adopter un amendement sanctionnant le fait de faire publiquement l’apologie d’une organisation criminelle ; le fait de ne pouvoir justifier de ressources correspondant à son train de vie, tout en étant en relation habituelle avec une ou plusieurs organisations criminelles ; et le fait de «concourir sciemment et de façon fréquente ou importante à l’organisation ou au fonctionnement d’une organisation criminelle». Le ministre de la Justice Gérald Darmanin a soutenu l’amendement tout en émettant des réserves, estimant qu’il faudrait sans doute «améliorer» l’écriture lors de la commission mixte paritaire réunissant députés et sénateurs, notamment au regard du respect de la «liberté d’expression».