Fumée blanche. Forcé de transiger après le rejet du projet de loi immigration, le gouvernement et la majorité sont finalement tombés d’accord avec la droite ce mardi 19 décembre sur une version durcie du texte au terme de tractations interminables.
La commission mixte paritaire (CMP) - 14 députés et sénateurs - réunie depuis 17 heures lundi a fini, après plusieurs jours de négociations entre le gouvernement et le parti Les Républicains (LR), par produire une version qualifiée de «victoire idéologique» par l’extrême droite. Marine le Pen a annoncé dans la foulée que les députés RN voteraient le texte.
Analyse
Parmi les points de blocage - finalement levés - entre le gouvernement et la droite, la question des allocations familiales en faveur des nouveaux arrivants sur le sol français.
Autre ligne de fracture : l’Aide médicale d’Etat (AME), sur laquelle la Première ministre Elisabeth Borne en personne s’est engagée par écrit, auprès du Sénat, à présenter une réforme, en début d’année 2024. De quoi rassurer les LR qui en avaient fait une des conditions sine qua non de leur soutien au texte, dénonçant un dispositif qui représenterait un inacceptable «appel d’air» en direction des migrants.
Le projet de loi ainsi remodelé doit encore être voté dans les deux Chambres. Au Sénat, pas de danger, la droite et le centre y sont majoritaires. En revanche, à l’Assemblée nationale, majorité et même LR ne sont pas certains de faire le plein. Les premiers voyant leur aile gauche, leurs alliés du Modem et la vingtaine de centristes du groupe Liot très réticents à avaler ce plat de couleuvres servi par la droite. Les seconds ayant, dans leurs rangs, des députés - dont celui du Lot, Aurélien Pradié - qui réclamaient un texte encore plus dur. Le RN, lui, a fait savoir dès la conclusion de la CMP qu’il voterait le texte, Marine Le Pen saluant une « victoire idéologique du Rassemblement national ».