Non pas un, mais deux jours fériés en moins. C’est ce qu’a mis sur la table François Bayrou mardi 15 juillet au cours de son «moment de vérité» visant à présenter ses principaux arbitrages en vue du budget 2026. Le Premier ministre a précisé qu’il pensait plus spécifiquement au lundi de Pâques, «qui n’a aucune signification religieuse», et au 8 Mai, qui commémore la capitulation nazie. Ce dernier, a développé François Bayrou, figure «dans un mois de mai devenu un véritable gruyère, où l’on saute de pont en viaduc de congés». Il a précisé qu’il était ouvert à d’autres propositions que Pâques et le 8 Mai.
Avec cette mesure, le Premier ministre escompte récupérer «plusieurs milliards d’euros», «simplement parce que les entreprises, les commerces, la fonction publique, la nation travaillera». Un graphique projeté durant son discours se montrait un peu plus précis, en affichant 4,2 milliards d’euros associés aux «journées de travail supplémentaires».
A lire aussi
Sa mesure, a-t-il veillé à préciser, n’est pas à confondre avec ce qui fut envisagé dans le budget 2025 de l’éphémère gouvernement de Michel Barnier. Il s’agissait alors de demander aux salariés de travailler sept heures supplémentaires chaque année, sans rémunération, afin de contribuer au financement de l’autonomie. Le mécanisme aurait été similaire à celui déjà mis en place depuis 2004 à travers la «journée de solidarité», et suscitait de ce fait des critiques patronales, dont François Bayrou a tenu compte, expliquant : «Ce n’est pas du tout la même chose que d’autres idées proposées l’année dernière, qui étaient qu’il y ait pour chaque travailleur une journée de solidarité, dont on ne vérifierait pas vraiment si elle est accomplie ou pas et qui se traduirait uniquement par des prélèvements sur les entreprises.»
Cette «journée de solidarité» est en effet financée par une contribution des entreprises à la branche autonomie équivalente à 0,3 % de leur masse salariale – pour des recettes estimées à 2,4 milliards d’euros en 2024. Pour compenser, les employeurs ont le choix entre demander à leurs salariés de venir travailler un jour férié, leur retirer une journée de RTT (s’ils en ont) ou leur imposer quelques minutes supplémentaires par semaine tout au long de l’année. L’automne dernier, le vice-président de la CPME, Eric Chevée, estimait ces sept heures de travail supplémentaires impraticables sans ouverture des écoles ce jour-là. Quant à l’idée de faire travailler les salariés quelques minutes de plus par semaine… «Il n’y a que ceux qui n’ont jamais bossé dans un magasin ou sur un chantier qui pensent que ça a du sens», tranchait le président de l’U2P, Michel Picon.
Si la proposition de François Bayrou semble répondre à ces critiques, elle se traduira tout de même par «une contribution» des entreprises, a annoncé la ministre chargée du Travail, Astrid Panosyan-Bouvet, dans la matinale de TF1 ce mercredi 16 juillet. Les modalités «seront calées dans les prochaines semaines», a précisé Matignon. De quoi refroidir quelque peu le patronat ?
En tout cas, la mesure devrait lever contre elle un front syndical unanime. Supprimer le 8 Mai, «jour de la victoire contre le nazisme», serait «très grave», a déjà réagi la secrétaire générale de la CGT, Sophie Binet.
Mise à jour : le 16 juillet à 8h10 avec l’annonce par la ministre du Travail que les entreprises seraient mises à contribution