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Burn-out

«Ma santé et mon équilibre familial sont en danger» : la maire PS de Périgueux, Delphine Labails, se met en retrait pour «épuisement professionnel»

En poste depuis 2020, l’élue a annoncé vendredi 13 décembre dans un communiqué sa mise en retrait temporaire. Elle se dit épuisée par son mandat.
La socialiste de 49 ans, en poste depuis 2020, est également conseillère régionale et première vice-présidente de l’agglomération de Grand Périgueux. (Denis Allard/Libération)
publié le 14 décembre 2024 à 10h41
(mis à jour le 14 décembre 2024 à 13h50)

Une mise en retrait temporaire pour sa santé personnelle. Vendredi 13 décembre alors que la soirée était bien avancée, les journalistes de Périgueux (Périgord) ont reçu à 22 h 07 un communiqué surprenant, signé de la maire de la ville, Delphine Labails. La socialiste de 49 ans, en poste depuis 2020, y expliquait vouloir se mettre en retrait de ses fonctions (elle est également conseillère régionale et première vice-présidente de l’agglomération de Grand Périgueux) pour «quelques semaines». Raison invoquée : une fatigue professionnelle, un «épuisement» à la tâche.

«Chaque jour, chaque heure, chaque seconde depuis 2020 a été employé à changer la vie des habitants et à faire de Périgueux une ville plus solidaire, plus attractive et plus écologique. À cette tâche, je m’y suis épuisée, dit-elle dans le texte comme le rapporte Sud Ouest. Je ressens les effets d’un épuisement professionnel conséquent, qui met en danger à la fois ma santé et mon équilibre familial.» Cette inspectrice au ministère de la Jeunesse et des Sports s’était mise en retrait de son métier pour se consacrer à plein temps à son mandat.

«Une attente considérable des administrés»

Delphine Labails met aussi sa fatigue sur la difficulté d’être maire aujourd’hui, plus encore en tant que femme et dans une ville moyenne «avec des compétences extrêmement larges, des moyens limités et une attente considérable des administrés». Le contexte national qui entraîne des «contraintes réglementaires toujours plus fortes et des contraintes financières» n’aide pas non plus, selon elle. Durant sa pause, c’est, comme l’exige le code électoral, son premier adjoint qui la remplacera. Un premier conseil municipal doit avoir lieu mercredi 18 décembre, sans Delphine Labails.

Ancien maire (LR) de Périgueux et principal opposant de l’édile actuel, Antoine Audi n’a pas manqué de tacler sur France Bleu les «erreurs» de sa successeure qui ont pu causer ce qui s’apparente à un burn-out : «On la sent toujours dans un combat permanent, et je pense qu’elle s’est probablement épuisée à faire de son mandat de maire de tous les Périgourdins un combat politique. Je crois que c’est l’une de ses erreurs.»

83% des maires jugent que leur mandat «est usant pour la santé»

Au Congrès de l’Association des maires de France (AMF) le mois dernier, la ministre du Partenariat avec les territoires Catherine Vautrin avait indiqué que 2 400 maires - sur un total d’environ 35 000 en France - avaient démissionné depuis le début de leur mandat en juin 2020, soit «40 de plus par an lors de ce mandat».

Et 83% des maires estiment que leur mandat «est usant pour la santé», d’après une étude menée en 2024 par Sciences Po et le CNRS pour l’AMF. En 2022, un sondage Ifop indiquait par ailleurs que plus d’un maire sur deux (55%) ne souhaitait pas se représenter à la fin de son mandat en 2026, un record en vingt ans.

Mise à jour à 13 h 50 : avec davantage de contexte.