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Colère

Macron écarte un gouvernement NFP, la gauche dénonce le «déni» du Président

Alors que le chef de l’Etat a exclu l’idée d’un gouvernement Nouveau Front populaire ce lundi 26 août, les alliés de gauche s’indignent de son refus de «reconnaître le résultat des élections».
Lucie Castets entourée du communiste Fabien Roussel, de l'insoumise Mathilde Panot et du député LFI Manuel Bompard à l'Elysée le 23 août. (Abdul Saboor/Reuters)
publié le 26 août 2024 à 21h06

«Une honte», «un déni», «une décision d’une exceptionnelle gravité»… Sur les réseaux sociaux comme à la télévision, les alliés de la gauche ne mâchent pas leurs mots, alors qu’Emmanuel Macron se refuse à laisser le Nouveau Front populaire (NFP) aux manettes de l’Etat. Alors qu’un nouveau cycle de consultations est prévu à partir de ce mardi 27 août avec les responsables des partis et «des personnalités se distinguant par l’expérience du service de l’Etat et de la République», selon les mots de l’Elysée, La France insoumise (LFI) a immédiatement dénoncé dans un communiqué «une décision d’une exceptionnelle gravité». «Encore un abus de pouvoir ! Et que veut dire [Emmanuel Macron] ? A-t-il trouvé une autre majorité parlementaire disponible ? De quoi, de qui s’agit-il ?» Et les insoumis de marteler que «toute proposition de Premier ministre autre que Lucie Castets fera l’objet d’une motion de censure» avant d’appeler à «des marches pour le respect de la démocratie». «Dans ces conditions, la motion de destitution sera présentée par les députés insoumis au bureau de l’Assemblée nationale conformément à l’article 68 de la Constitution», conclut le communiqué.

Le chef de file LFI, Jean-Luc Mélenchon, enchaîne, sur X, dans le même esprit : «La réplique populaire et politique doit être rapide et ferme», martèle le candidat aux trois dernières élections présidentielles. «La motion de destitution sera déposée. Le moment venu, la censure d’un gouvernement de droite viendra. Mais les organisations attachées à la défense de la démocratie devraient engager une réplique commune.» Même colère pour Mathilde Panot, députée LFI du Val-de-Marne, qui promet à son tour sur X que «si le président de la République s’entête dans son déni, nous engagerons contre lui une procédure de destitution». Tandis que Manuel Bompard, le coordinateur des insoumis, s’est exprimé sur BFM TV pour alerter quant à un «coup de force antidémocratique inacceptable» basé sur une «argumentation qui n’a aucun sens». Avant de garantir que LFI ne participera pas aux nouvelles tentatives de consultations.

«La ligne rouge»

Du côté des Ecologistes, si l’on ne parle pas encore de destitution, l’indignation est la même. Leur secrétaire nationale, Marine Tondelier, insiste sur X : «Le communiqué d’Emmanuel Macron est une honte», déplorant «l’irresponsabilité démocratique dangereuse» d’Emmanuel Macron. Sans tomber dans le défaitisme pour autant, Marine Tondelier garantit que le NFP va continuer à se «battre pour respecter la volonté des Français : les trois quarts d’entre eux veulent une rupture politique avec le macronisme. Nous la leur devons». Sandrine Rousseau, députée écologiste de la 9e circonscription de Paris, résume quant à elle en quelques mots l’état d’esprit des partis de gauche sur X : «On atteint la ligne rouge.»

Pour Fabien Roussel, secrétaire national du Parti communiste français (PCF), cette limite se traduit par une décision claire : il ne se rendra pas ce mardi à l’Elysée, comme demandé par Emmanuel Macron à toutes les forces politiques. «Si c’est pour nous faire venir pour nous demander de constituer un gouvernement qui continuerait la politique [actuelle] au nom de la stabilité économique ou politique, ce n’est pas la peine que nous venions. Nous n’irons pas à l’Elysée demain», lâche-t-il au micro de BFMTV. «J’irai si c’est pour construire avec Lucie Castets un gouvernement large, ajoute le communiste. Nous avons dit que nous sommes prêts à faire un gouvernement pas qu’avec des socialistes, communistes ou écologistes. Ils ne veulent pas de ça, ils ne veulent pas le changement, ils vont ouvrir une crise grave dans notre pays et ils en assumeront les conséquences.»

Le Parti socialiste, à travers sa porte-parole, Chloé Ridel, a critique quant à lui vivement le «coup de force du Président», qualifié d’«insupportable». «Ses consultations n’étaient qu’un simulacre - il en connaissait déjà l’issue : le rejet d’un gouvernement de gauche, parce qu’il en refuse et méprise le programme. Quelle autre coalition que le NFP permettrait à la fois d’incarner l’alternance qu’ont souhaitée les Français et d’être plus «stable» ? Aucune.»

Au-delà des partis, d’autres personnalités de gauche se sont exprimées. Comme François Ruffin, député Picardie Debout de la 1ere circonscription de la Somme, qui s’est fendu d’un tweet révolté : «Le forcené de l’Elysée dissout sur un coup de tête l’Assemblée puis s’assoit sur le résultat des élections, tacle-t-il. Le peuple doit écarter Macron, au nom de la démocratie. Le chaos, l’instabilité, c’est lui.»

Dans un communiqué publié ce lundi soir à l’issue d’une série de consultations avec les partis politiques menée par le président de la République en vue de nommer un Premier ministre, Emmanuel Macron a clairement fermé la porte à l’option d’un gouvernement «sur la base du seul programme et des seuls partis» du Nouveau Front populaire au nom de la «stabilité institutionnelle», selon un communiqué de l’Elysée. Une décision qu’il justifie par le fait qu’un tel exécutif «serait immédiatement censuré par l’ensemble des autres groupes représentés à l’Assemblée nationale» et «la stabilité institutionnelle de notre pays impose donc de ne pas retenir cette option».