Même quand les portes de l’Assemblée sont closes, la castagne entre marcheurs et insoumis ne faiblit pas. Ce week-end, elle est provoquée par un tweet de la présidente du groupe La France insoumise, Mathilde Panot, en pleines commémorations de la rafle du Vel d’Hiv. «Il y a 80 ans, les collaborationnistes du régime de Vichy ont organisé la rafle du Vel d’Hiv. Ne pas oublier ces crimes, aujourd’hui plus que jamais, avec un président de la République qui rend honneur à Pétain et 89 députés RN», a-t-elle écrit sur Twitter samedi, en référence à des propos de Macron qui avait qualifié Pétain en 2018 de «grand soldat» durant la Première Guerre mondiale qui avait ensuite «conduit des choix funestes» lors de la Seconde.
C’est la deuxième polémique qui touche la cheffe de file des insoumis à l’Assemblée en moins de deux semaines, après avoir lancé à la Première ministre qu’elle était une «rescapée» - elle avait utilisé l’expression dans un sens politique mais Elisabeth Borne est aussi la fille d’un rescapé d’Auschwitz. «Au-delà de la honte. On n’ose y croire», a ainsi fustigé le ministre chargé des Transports, Clément Beaune, qui réclamer «ses excuses à la France, vite». «Instrumentaliser la Shoah sans écrire le mot + juif +, après avoir voté plusieurs amendements avec le RN. LFI n’est plus à une contorsion idéologique près. C’est indigne de la mémoire des victimes, c’est une fille d’enfants cachés qui vous le dit», a dénoncé également l’ex-ministre Emmanuelle Wargon. «Quelle honte !», «La nausée», «Aucune limite dans l’indécence», ont encore réagi respectivement les ministres Agnès Firmin Le Bodo, Isabelle Rome et Olivier Dussopt.
«De la même manière que LFI≠RN, Macron≠Pétain»
A gauche aussi, la sortie de Panot est critiquée. Carole Delga, la présidente PS de la région Occitanie, opposée à la stratégie d’union avec les insoumis choisie par son parti, y est allée de son tweet ce dimanche : «J’ai mal à ma France, celle de la République ouverte, généreuse, fraternelle, a-t-elle écrit. Celle qui se lève contre l’extrême droite ; qui sait nommer l’antisémitisme et le combattre ; qui ne confond pas tout, ne brouille pas les destins ; qui se souvient, transmet, sans instrumentaliser…»
Le député PS de l’Essonne, Jérôme Guedj, très actif à l’Assemblée dans l’intergroupe de la Nouvelle Union populaire écologique et sociale s’est, lui, permis une petite leçon «d’union nationale» à Panot : «Quand on s’offusque légitimement des équivalences hasardeuses et injurieuses, on s’abstient soi-même d’y céder. Donc de la même manière que LFI≠RN, Macron≠Pétain. Et surtout en une journée de commémoration et donc d’union nationale, produire de la polémique dessert la cause.» Son tweet à été relayé par le premier secrétaire du PS, Olivier Faure. Son homologue d’Europe Ecologie-les Verts, Julien Bayou, a préféré relayer une partie de l’hommage de la Première ministre, dimanche matin dans le XVe arrondissement.
#VeldHiv #Borne : "Ces jours là, la France est allée au-delà des exigences des occupants en livrant notamment des enfants.
— Julien Bayou (@julienbayou) July 17, 2022
La France a perdu un peu de son âme.
Pour garder son honneur, la France doit regarder son histoire en face. Ce n'est pas être patriote que la nier." pic.twitter.com/GGS2tppI0t
Côté insoumis, le nouveau député de l’Essonne, Antoine Léaument est monté en «soutien» de sa présidente de groupe : «Elle n’a fait que rappeler des faits, a-t-il écrit sur Twitter. Oui, Macron a entretenu un confusionnisme grave en voulant réhabiliter Pétain. Pétain était un antisémite. Les antisémites ne méritent que la honte. En aucun cas des honneurs et des hommages.»