Bienvenue au château de Versailles, ses millions de visiteurs, sa galerie et ses salons d’apparat, ses fabuleux jardins, ses soirées ultra-dorées pour invités triés sur le volet et… sa présidente, au cœur d’une intrigue dont notre monarchie républicaine a le secret. Catherine Pégard, donc, ancienne journaliste au carnet d’adresses long comme le bras, nommée à la tête de l’établissement public chargé de faire tourner le château en 2011 par Nicolas Sarkozy, reconduite par François Hollande puis Emmanuel Macron. Son règne aurait dû prendre fin il y a un an et demi : son mandat n’était plus renouvelable, et la limite d’âge était atteinte. Mais le monarque de l’Elysée s’entête à vouloir prolonger Catherine Pégard à son poste.
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Grosse bosseuse à la discrétion qui sied dans ces allées et contre-allées du pouvoir, aussi à l’aise avec les politiques – de droite comme de gauche – qu’avec les grandes fortunes, françaises ou internationales, Catherine Pégard n’a en rien démérité depuis qu’elle a pris ses quartiers à Versailles. A un ou deux accrocs près, son magistère a, notamment grâce au développement du mécénat, requinqué l’établissement public. Est-ce pour autant normal de voir le chef de l’Etat, arrivé à l’Elysée armé de sa promesse de moralisation de la vie publique, s’asseoir avec autant d’aplomb sur la nécessaire transparence des nominations à ces très hauts postes, et balayer les règles qui les régissent ? Il apprécie Catherine Pégard. Fort bien. Sa femme de même. Fort bien. Que le chef de l’Etat loue ses compétences, fort bien encore. Mais qu’il livre en coulisses et au mépris des lois ce combat pour prolonger cette protégée qui parfois le protège laisse pantois. La République compterait-elle si peu de talents pour que personne ne puisse succéder à la reine Catherine ? On n’y croit guère. Est-ce la macronie qui manquerait à ce point de talents disponibles ? Il faudrait, si c’était le cas, s’en inquiéter derechef. Il ne reste qu’une option pour expliquer l’entêtement élyséen : l’enivrant plaisir du fait du prince.