Une médaille sur la poitrine qui fait des remous. Alors qu’Emmanuel Macron a exclu, jeudi 24 avril, de retirer la Légion d’honneur à Nicolas Sarkozy, jugeant qu’«il était très important que les présidents et les anciens présidents soient respectés», plusieurs personnes contestent aujourd’hui ce refus devant la justice.
D’après les informations du Monde, une demi-douzaine de personnes, descendantes de décorés, vont déposer un recours devant le tribunal administratif de Paris ce mardi 6 mai. Dans ce texte de 13 pages déposé par l’avocat et ancien député écologiste Julien Bayou et consulté par le quotidien, les requérants demandent au juge administratif d’«enjoindre» à l’ordre de la Légion d’honneur de constater «l’exclusion de droit de M. Sarkozy». Ils estiment que «retirer la Légion d’honneur et l’ordre national du Mérite à l’ancien président de la République Nicolas Sarkozy n’est pas manquer de respect à la fonction de président, c’est bien la protéger».
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Car malgré sa condamnation définitive à trois ans de prison pour trafic d’influence et corruption en décembre dans l’affaire des écoutes, Nicolas Sarkozy conserve depuis cette distinction. «Aucun arrêté de constatation de l’exclusion de droit de M. Sarkozy n’a été publié au Journal officiel», fustige Julien Bayou dans les colonnes du Monde. Et ce malgré le lancement de la procédure disciplinaire par le général Lecointre, grand chancelier de la Légion d’honneur, le 4 mars.
Pourtant, le code de la Légion d’honneur est clair : si une personne est reconnue coupable d’un crime ou condamnée à une peine supérieure ou égale à un an de prison, la radiation est automatique et doit être prononcée par décret présidentiel. Pour Julien Bayou, par ailleurs petit-fils de Raoul Bayou, ancien député de l’Hérault et officier de la Légion d’honneur, cette décision est une entorse au code.
«Une gifle pour tous les décorés»
Parmi les requérants représentés par l’avocat, Eric Bazin, ancien rédacteur en chef de l’agence Gamma et petit-fils de Henri Troussard, chevalier de la Légion d’honneur, se dit «indigné» par ce passe-droit de l’ex-président. Il juge cette décision «déplorable» et veut faire de la déchéance de la distinction de Sarkozy un «combat pour l’honneur».
Une autre requérante, Agnès Bayou, sœur de l’ancien député écologiste, estime, elle, auprès du Monde que le refus de retirer cette médaille à Nicolas Sarkozy «est une gifle pour tous les décorés».
Dans son recours, Me Bayou précise que depuis une réforme de février de l’ordre de la Légion d’honneur, «c’est le grand chancelier qui est compétent pour constater l’exclusion de droit de l’ordre», c’est-à-dire le général Lecointre. Emmanuel Macron, qui est lui grand maître de l’ordre, se serait ainsi exprimé «sur une matière qui ne relève pas de son champ de compétence».