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Le billet de Thomas Legrand

Manifestations néofascistes à Paris : savoir résister à la tentation de l’interdiction

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S’il est indubitable que les images du défilé de nazillons dans les rues de la capitale samedi 11 mai sont une plaie politique et sociale, gardons-nous pour autant de penser que la solution d’un problème politique se trouve d’abord dans son interdiction.
Défilé de manifestants néofascistes et néonazis du «Comité du 9 mai» (C9M), à Paris le 11 mai. (Denis Allard/Libération)
publié le 13 mai 2024 à 7h00

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Interdire ou pas ? Le préfet avait choisi d’interdire la manifestation. Le juge administratif avait, en urgence, suspendu l’arrêté d’interdiction. Dans sa logique, le ministère de l’Intérieur voulait prévenir tout risque de «troubles à l’ordre public». Dans la sienne, le juge administratif, garant des libertés, avait estimé que, au vu des précédentes manifestations organisées par ce mouvement, notamment celle du 9 mai 2023, ce risque pouvait être contenu. Le principe, dans un Etat de droit digne de ce nom, c’est qu’on ne juge que des faits et que l’interdiction d’une manifestation, comme la dissolution d’une association, doit garder un caractère très exceptionnel, s’il est avéré que l’ordre public sera, à coup sûr, gravement troublé.

On comprend aisément que le gouvernement, qui s’est montré excessivement sévère en interdisant trop de manifestations écologistes ou propalestiniennes – et qui, d’ailleurs, s’est fait presque systématiquement contrecarrer par le Conseil d’Etat –, veuille, pour faire bonne mesure et ne pas prêter le flanc à l’accusation de partialité, interdire toutes les manifestations de l’extrême dro