La dernière fois que Libération a interviewé Manon Aubry, c’était en mars, avant le lancement de sa campagne pour les élections européennes. Quelques jours avant le vote qui devrait, si les sondages se confirment – entre 6% et 8% –, la renvoyer à Bruxelles et Strasbourg pour un deuxième mandat, nous avons voulu confronter la tête de liste de La France insoumise à un représentant du monde agricole. Yohann Barbe est éleveur laitier dans les Vosges et président de la Fédération nationale des producteurs de lait (FNPL), adhérente à la FNSEA. Les deux ont débattu pendant près d’une heure au siège de LFI avec – oui – des points d’accords.
L’hiver dernier, les agriculteurs ont manifesté dans toute l’Europe. Quelles doivent être les priorités du nouveau Parlement européen étant donné que la politique agricole commune (PAC) est le premier budget européen ?
Manon Aubry : La crise agricole est révélatrice d’un malaise profond qui ne date pas d’aujourd’hui. La première demande du monde agricole, c’est de vivre de son travail. Or, historiquement, la PAC garantissait des prix planchers. Ça s’est d’ailleurs fait dans le secteur laitier jusqu’à la fin des années 2000… Le deuxième point, c’est comment nous protégeons notre agriculture de la concurrence déloyale de produits qui viennent de partout d