Marine Le Pen a finalement daigné rembourser 326 401,25 euros au Parlement européen, qui lui court après depuis des années. En cause, la rémunération indue de deux assistants. Comme l’écrit Mediapart, la leader d’extrême droite s’est en effet résolue fin juillet à restituer cette somme à l’institution européenne, qui la menaçait d’une saisie forcée dans le cas contraire.
Le Parlement réclamait à Le Pen ces quasi 330 000 € en remboursement de l’emploi, sur fonds européens, de deux collaborateurs parlementaires à Strasbourg qui travaillaient en réalité pour le parti en France. Ayant toujours contesté toute irrégularité, la double finaliste de la présidentielle s’obstinait à ne pas rendre l’argent. Son avocat, Rodolphe Bosselut, explique d’ailleurs à Mediapart que «ce règlement ne constitue en aucune façon une reconnaissance explicite ou implicite des prétentions du Parlement européen».
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Une enquête administrative ouverte en 2014 sur des soupçons de détournements de fonds européens par Marine Le Pen, l’Office européen de lutte antifraude (Olaf) avait réclamé le remboursement de 339 000 euros pour l’emploi indu de deux collaborateurs. Marine Le Pen, qui a siégé au Parlement européen de 2004 à 2017, était soupçonnée d’avoir salarié avec les fonds européens au bénéfice du FN (devenu RN) sa cheffe de cabinet au parti Catherine Griset et son garde du corps Thierry Légier.
Eviter la décision exécutoire de recouvrement
Contestant les accusations, et assurant que ses deux collaborateurs avaient travaillé auprès d’elle au Parlement, la cheffe du RN avait refusé de s’acquitter de cette somme. Selon Mediapart, les services financiers du Parlement avaient alors prélevé à partir de février 2017 50 % de son indemnité d’élue et de ses indemnités journalières, ainsi que l’intégralité de ses frais généraux. Ces prélèvements ont duré quatre mois, Marine Le Pen ayant quitté le Parlement après son élection à l’Assemblée nationale en juin 2017, selon le média en ligne.
Menacée depuis le printemps d’une décision exécutoire de recouvrement de 326 401 euros, la cheffe de file du RN a finalement accepté de régler cette somme en juillet. «Ce paiement a été effectué pour éviter une exécution forcée d’une décision administrative émanant du Parlement européen, dont le fond est toujours contesté par ma cliente», a précisé son avocat Me Rodolphe Bosselut. Marine Le Pen réaffirme «n’avoir commis aucune infraction ni irrégularité dans l’emploi de ses deux assistants parlementaires, tant au regard du règlement du Parlement européen que de la loi française et des principes constitutionnels», a ajouté Me Bosselut.
Parallèlement, Marine Le Pen est mise en examen pour «détournement de fonds publics» et «complicité» depuis juin 2017 dans l’information judiciaire menée à Paris sur des soupçons d’emplois fictifs d’eurodéputés du RN. Les investigations sont achevées et le parquet devrait prochainement donner ses réquisitions avant la décision finale des juges d’instruction sur la tenue ou non d’un procès pour les 29 mis en cause dans cette procédure. «Selon l’issue de la procédure pénale, Marine Le Pen se réserve d’ailleurs la possibilité de réclamer la répétition auprès du Parlement européen, des sommes ainsi versées», a fait savoir Me Bosselut.