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Le billet de Thomas Legrand

Marine Le Pen repeint en rose l’histoire brune de son parti

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En tentant de faire oublier les origines fascistes du mouvement fondé par Jean-Marie Le Pen et une clique d’anciens Waffen SS et collabos français, la patronne du Rassemblement national se livre à une falsification historique. Le résistant Georges Bidault, qui a d’ailleurs quitté rapidement le FN, est l’arbre qui cache la forêt.
Marine Le Pen sur l'esplanade des Invalides, à Paris, lors de la manifestation contre l'antisémitisme le 12 novembre 2023. (Denis Allard/Libération)
publié le 23 novembre 2023 à 8h00

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L’inculture historique peut faire passer l’argutie trompeuse de Marine Le Pen, quant aux origines du FN, pour un argument valable. Quand la question des cofondateurs du Front national, avec Jean-Marie Le Pen en 1972, est posée, il est naturellement souligné le pedigree pour le moins embarrassant de la plupart de ces hommes. Marine Le Pen répond alors : «Dire cela est un mensonge historique. Qu’il y ait eu des gens parmi les fondateurs du Front national, des gens qui se sont trompés de camp, c’est une certitude. Mais il y avait aussi Georges Bidault, le successeur de Jean Moulin.»

François Brigneau, Pierre Bousquet, Léon Gaultier, Victor Barthélémy et quelques autres sont parmi les fondateurs du FN. Ils sont tous d’anciens SS français de la division Charlemagne, d’anciens miliciens, ou encore d’ancien chroniqueur à Radio Vichy. Léon Gaultier, qui porta l’uniforme à Totenkopf sur le front de l’Est, avait montré, dans le documentaire de Pascal Martin et Jacques Cotta, le FN, la nébuleuse, diffusé sur Antenne 2 en 1992 – auquel j’ai participé – une lettre de Jean-Marie Le Pen datant du début des années 80. Le président du parti lui demandait par ce courrier de se mettre en retrait, non pas pour des raisons de divergences de lignes, mais bien parce que la stratégie du FN de l’époque n