L’extrême droite marseillaise fait l’union et l’annonce sonne comme un nouvel avertissement à gauche. Après que la candidate LR Martine Vassal a conclu un accord avec Renaissance la veille, voilà que le sénateur des Bouches-du-Rhône Stéphane Ravier a annoncé jeudi 2 octobre qu’il retirait sa candidature aux élections municipales pour soutenir le député du Rassemblement national élu en 2022, Franck Allisio. «Je ne serai pas le diviseur alors que la droite s’est alliée avec la Macronie», a justifié celui qui fut en 2014 l’un des deux premiers sénateurs FN. Elu maire d’arrondissement la même année en faisant campagne aux côtés de militants de l’Action française, le triple candidat aux municipales dans la deuxième ville de France a fait son annonce lors d’une interview donnée à BFM Marseille et la Provence.
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Stéphane Ravier avait quitté le RN pour rejoindre Eric Zemmour en février 2022 avant de suivre la vague de départs de Reconquête lancée par Marion Maréchal dans la foulée des élections européennes de 2024. Son renoncement est un petit événement local : depuis 1995, à chaque élection municipale, son nom avait figuré sur une liste à Marseille. Car en plus de lâcher la tête de liste, celui qui a toujours été le tenant d’une ligne plus «jean-mariste» que «mariniste» ne candidatera pas comme colistier, même pas dans son ancien fief des XIIIe et XIVe arrondissements.
Stéphane Ravier sanctionné par Marine Le Pen
Il faut dire que le sulfureux sénateur a besoin de s’assurer du soutien du parti d’extrême droite, donc de ne pas lui faire obstacle, s’il espère être réélu lors des sénatoriales de septembre 2026. Car cette réélection pourrait bien être son dernier espoir de conserver un avenir politique alors que Marine Le Pen ne lui a pas pardonné son départ fracassant en 2022. «C’était le prix à payer», a d’ailleurs reconnu Ravier auprès de la Provence. «On m’a demandé de ne pas être candidat parce que mon ralliement à Eric Zemmour est une plaie qui ne s’est pas refermée, a-t-il concédé. Je quitte en étant extrêmement blessé mais c’est pour l’intérêt supérieur de Marseille.»
Pour sa survie ou pour «l’intérêt supérieur de Marseille», l’ancien maire d’arrondissement fait quoi qu’il en soit un heureux. Dans un communiqué, Franck Allisio a salué «un geste extrêmement fort» de la part d’un «excellent sénateur» qui, selon le député visé par une enquête pour détournement de biens publics en mai dernier, «a placé Marseille et les Marseillais au-dessus de ses intérêts personnels». Le désormais ex-candidat pourra par ailleurs se concentrer sur d’autres échéances à venir. Loin des urnes cette fois : Stéphane Ravier sera en effet jugé le 2 décembre pour des faits de «favoritisme» commis lorsqu’il était maire des XIIIe et XIVe arrondissements et attend un procès en appel pour «prise illégale d’intérêt» dans le cadre d’une autre affaire, là encore sous ce mandat.
Le ralliement de Stéphane Ravier à Franck Allisio, alors que tous deux étaient historiquement hauts dans les dernières intentions de vote à Marseille, pourrait au moins encourager la gauche phocéenne à réitérer l’expérience du Printemps marseillais. En 2020, la gauche unie l’avait emporté et Michèle Rubirola, remplacée depuis par Benoît Payan, avait succédé au baron de la droite Jean-Claude Gaudin. Et si la position des écologistes et des socialistes doit encore se décider, les communistes viennent d’acter leur soutien à l’union. Les insoumis, eux, feront bande à part et pourraient investir le député Sébastien Delogu.