Une explication franche. Interrogée ce lundi sur France Info, la présidente des députés insoumis à l’Assemblée nationale a maintenu ses propos énoncés dans un tweet samedi. A l’occasion des commémorations des quatre-vingts ans de la rafle du Vel d’Hiv, elle avait appelé à «ne pas oublier ces crimes, aujourd’hui plus que jamais, avec un président de la République qui rend honneur à Pétain et 89 députés RN», déclenchant une forte polémique, y compris au sein de la Nouvelle Union populaire écologique et sociale (Nupes).
«Il n’y a pas deux Pétain»
Pour elle, il s’agissait avant tout de rendre «hommage aux victimes d’un crime contre l’humanité». Tout en précisant bien – contrairement à son tweet – que c’était «des juifs, parce qu’ils étaient juifs» qui avaient été arrêtés par la police française en 1942 et en insistant sur notre «devoir de vigilance sur les résurgences du passé dans notre présent». Panot a rappelé, à ce titre, la présence de 89 députés d’extrême droite à l’Assemblée nationale et expliqué qu’«il n’y a pas d’hommage à faire à Pétain». Une référence à Emmanuel Macron qui, en 2018, avait qualifié l’ancien maréchal de «grand soldat» durant la Première Guerre mondiale, avant de pointer «ses choix funestes», lors de la Seconde.
A lire aussi
Pas question donc pour Mathilde Panot de revenir sur ses dires, ou de «présenter ses excuses à la France», comme le réclamait le ministre des Transports, Clément Beaune. Ni même de reconnaître que la formule de son tweet est, a minima, ambiguë. «Quand on s’offusque légitimement des équivalences hasardeuses et injurieuses, on s’abstient soi-même d’y céder. Donc de la même manière que LFI≠RN, Macron≠Pétain», avait par exemple réagi le député socialiste Jérôme Guedj, l’un des coordinateurs de l’intergroupe Nupes à l’Assemblée.
«Où voyez-vous dans mon tweet que je compare Macron à Pétain ? Expliquez-moi où est-ce que j’ai fait un signe égal ?» a répondu Panot sur France Info, préférant contre-attaquer sur ses adversaires de la majorité, et notamment le député Ludovic Mendes. Sur BFMTV, dimanche, l’élu de Moselle distinguait «deux Pétain, celui de la Première Guerre mondiale et celui de la deuxième». «Je crois qu’il faut être très clair, il n’y a pas deux Pétain, il y en a qu’un, c’est un antisémite», a répliqué l’insoumise.
Coquerel maintenu malgré l’ouverture d’une enquête
La cheffe de file des insoumis à l’Assemblée est également revenue sur ses propos lors du discours de politique générale d’Elisabeth Borne le 6 juillet. Elle avait qualifié politiquement la Première ministre de «rescapée». Certains, dont des élus de la majorité, lui avait reproché un mauvais jeu de mots : le père défunt de la Première ministre était un rescapé d’Auschwitz. «Je parlais [d’elle] comme rescapée de la macronie, a indiqué Panot ce lundi. Puisque j’expliquais le naufrage de La République en marche, battue aux élections législatives.»
Enfin, l’élue a clarifié la situation concernant Eric Coquerel. Une enquête a été ouverte à son encontre par le parquet de Paris pour «harcèlement et agressions sexuels». Vendredi, l’écologiste Sandrine Rousseau estimait que son collègue de la Nupes devait se mettre en retrait de la présidence de la commission des Finances le temps de cette enquête. «Ce qui permettrait d’avoir une enquête qui soit complètement indépendante», réclamait ainsi la députée écolo. Impossible selon Panot car, selon elle, «il n’y a pas d’éléments nouveaux» et, rien, selon elle, ne justifie d’écarter temporairement son camarade.