Menu
Libération
Pensée complexe

Matthieu Orphelin votera finalement Jadot… mais pourrait parrainer Taubira

Gauche 2022 : le grand embouteillagedossier
Bien qu’écarté de la campagne de l’écologiste en novembre, le député du Maine-et-Loire assure qu’il mettra un bulletin vert dans l’urne tout en parrainant potentiellement la candidature de la gagnante de la primaire populaire.
Matthieu Orphelin (centre), entouré de Yannick Jadot (droite) et d'Olivier Faure (gauche), à Nantes, le 24 juin 2021. (Baptiste Roman/Hans Lucas)
publié le 4 février 2022 à 12h46

Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ? L’ex-député macroniste Matthieu Orphelin, depuis reconverti chez les écologistes, a dévoilé ce vendredi matin son choix pour la présidentielle. Accrochez-vous bien : après avoir été l’un des premiers soutiens de l’écologiste Yannick Jadot, avant d’être mis à l’écart de la campagne, et avoir ensuite soutenu la Primaire populaire, Orphelin fait marche arrière et votera finalement bien pour le candidat du pôle écologiste. «Mon vote à la présidentielle 2022 ira à Yannick Jadot, malgré ce qui s’est passé fin 2021, écrit-il. Parce que l’écologie est le combat de ma vie, le combat de sa vie, le combat de notre vie.»

Orphelin encourage même Christiane Taubira à se retirer au profit du candidat vert pour former «un beau binôme et pour tenter de sauver ce qui reste à sauver dans cette présidentielle». «La Primaire populaire […] a malheureusement débouché sur une candidature de plus, regrette l’ancien marcheur dans son communiqué. Ce scénario, loin des aspirations initiales […] ajoute de la complexité à une situation déjà dramatique pour les forces progressistes.»

Mais ce n’est pas fini, on vous a bien dit que ce n’était pas simple… Le député du Maine-et-Loire explique également qu’il pourrait apporter son parrainage à Christiane Taubira. Si, «début mars», l’ancienne garde des Sceaux était toujours candidate «et si elle peinait à rassembler ses 500 signatures», Orphelin lui accorderait son parrainage d’élu. Un parrainage «qui ne vaut pas soutien», insiste-t-il. Pour autant, cette annonce de l’ancien député à de quoi surprendre. D’autant plus qu’elle ponctue plusieurs mois d’un parcours sinueux. On rembobine.

Jadot, puis plus Jadot, puis re-Jadot

Début septembre, le député du Maine-et-Loire apporte publiquement son soutien à Yannick Jadot, alors considéré comme le favori de la primaire écolo. Dans l’Express, quelques mois plus tard, il se vante même d’être «le premier élu un peu connu à le soutenir». Le 28 septembre, l’eurodéputé l’emporte d’un cheveu face à Sandrine Rousseau. Orphelin embarque alors dans l’équipe de campagne du candidat, chargé de «coordonner l’équipe de porte-parole».

Jusqu’en novembre 2021, quand éclate l’affaire Nicolas Hulot. Longtemps très proche de l’ancienne star de TF1, Orphelin est écarté du staff de Jadot après les révélations concernant les viols qu’aurait commis celui qui fut son ami, par ailleurs ancien ministre de l’Ecologie. Dans un communiqué, le directeur de campagne de l’écologiste, Mounir Satouri, justifie : «La sérénité nécessaire à l’exercice de ses fonctions n’est plus possible.» Mais Orphelin y va aussi de son petit texte dans lequel il explique qu’il avait déjà fait le choix de partir de lui-même à la suite de «plusieurs alertes non entendues» à propos des «difficultés de campagne et de ma non-adhésion à ses choix stratégiques : absence de mobilisation sur les jeunes, absence de considération pour la dynamique de la primaire populaire, tensions internes, difficultés à mobiliser toutes les composantes de l’écologie».

Matthieu Orphelin réapparaît finalement mi-janvier. Dans l’Express, il annonce cette fois qu’il s’est inscrit à la Primaire populaire et surtout qu’il parrainera et soutiendra le vainqueur. «Avec déjà 250 000 inscrits, il y aura plus de votants que la primaire écologiste, le congrès des Républicains et celui du PS réuni ! Il y aura plus de votants que d’inscrits sur le site d’investiture de Jean-Luc Mélenchon !» explique l’ancien macroniste. Orphelin appelle alors Yannick Jadot, comme les autres candidats de gauche, à participer au scrutin mais refuse de donner sa préférence. Il sort donc de ce flou à 65 jours du premier tour de la présidentielle en se reportant sur son premier choix. Et tant pis pour le parrainage. «Nous ne serons pas à 499 signatures», sourit un proche de Jadot auprès de Libération.