En fonction depuis à peine plus d’une semaine et il ordonne déjà ses premiers charters. Le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau a annoncé mercredi 2 octobre avoir donné «l’instruction» au préfet de Mayotte «d’organiser des vols groupés pour pouvoir reconduire les étrangers en situation irrégulière vers la République démocratique du Congo» (RDC). Une déclaration faite en réponse à une question de la députée RN Anchya Bamana, à l’Assemblée nationale lors des questions au gouvernement.
L’entourage du ministre de l’Intérieur a ensuite précisé que quatre vols groupés - plusieurs personnes mises par la préfecture dans un avion d’une ligne régulière pour être expulsées - avaient été organisés depuis février et qu’il y en avait «au moins trois prévus pour le seul mois d’octobre pour vider en partie le centre de rétention administrative» (CRA) de Mayotte, situé sur Petite-Terre. La coopération avec la RDC est «excellente», ajoute l’entourage de Bruno Retailleau.
"L'urgence des urgences est de mettre un terme à l'immigration hors de contrôle à Mayotte !"
— Assemblée nationale (@AssembleeNat) October 2, 2024
Face à une "situation d'une extrême difficulté", @ABamanaDeputee (RN) demande de "mobiliser la marine nationale pour imposer un contrôle de nos frontières dès la haute mer"#DirectAN #QAG pic.twitter.com/YAl46MjtXR
Interrogé ensuite par la commission des lois, mercredi en fin de journée, le locataire de Beauvau a par ailleurs «confirmé la création d’un CRA à Mayotte» ainsi que l’envoi «de deux brigades de gendarmerie». En outre, «nous confirmerons les 1150 gendarmes [et] policiers, auxquels s’ajoutent les quatre escadrons de gendarmerie et les 300 gendarmes spécialisés dans le maintien de l’ordre», a précisé l’ancien patron des sénateurs LR, selon Outre-Mer la 1ere.
Le centre de rétention administrative déjà existant dans l’archipel a une capacité de 136 places et concentre à lui seul la plus forte activité de tous les CRA français, avec 28 180 personnes passées entre ses murs en 2023, sur un total national de 46 955, selon le dernier rapport de la Cimade.
Info Libé
«Je connais la situation à Mayotte et, croyez-moi, j’y serai très attentif», a promis Bruno Retailleau. «La question du droit du sol, il faut la poser, bien entendu. Evidemment, un Congrès au trois cinquième, c’est compliqué mais je n’ai pas changé d’avis. J’y suis favorable. Dans le cas de Mayotte, ça se justifie vraiment, totalement.»
Bruno Retailleau a également annoncé des «accords de sécurité bilatéraux avec les pays» de la zone de l’Afrique des Grands Lacs (RDC, Burundi, Rwanda, Tanzanie) pour «arrêter les flux». Alors que la députée Anchya Bamana a réclamé la mobilisation de la Marine nationale pour contrôler les frontières de Mayotte, le ministre de l’Intérieur a affirmé que le «rideau de fer» imaginé par Gérald Darmanin en début d’année, aux contours obscurs, serait «évalué».
Blocage des principaux axes routiers
Depuis la fin des années 2010, des centaines de migrants originaires de l’Afrique des Grands Lacs, en particulier de la République démocratique du Congo, rentrent chaque année clandestinement à Mayotte après un voyage en «kwassa» (barque) depuis les côtes de l’Afrique de l’Est, de Madagascar ou des Comores voisines.
L’an passé, l’installation de ces migrants dans un camp de fortune près d’un stade de Mamoudzou, le chef-lieu de Mayotte, a provoqué des tensions avec des habitants qui ont culminé en janvier, avec le blocage des principaux axes routiers de l’île principale par des collectifs demandant leur expulsion.
Près de la moitié des habitants ne possèdent pas la nationalité française à Mayotte, où la population au 1er janvier était estimée à 321 000 personnes par l’Institut national de la statistique (Insee).