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En résumé

Michel Barnier au 20 heures : ce qu’il faut retenir de l’interview du Premier ministre à la veille du vote de la censure

Gouvernement Bayroudossier
Le Premier ministre a reçu TF1 et France 2 ce mardi 3 décembre à Matignon, pour un entretien à la veille de l’examen de motions de censure. S’il a voulu croire que sa survie à la tête du gouvernement était encore «possible», Michel Barnier a aussi dressé un panorama sombre s’il venait à être évincé.
Michel Barnier lors d'une interview télévisée diffusée sur TF1 et France 2, à l'hôtel Matignon, ce mardi. (Julien De Rosa /AFP)
publié le 3 décembre 2024 à 21h59

Dernière interview avant le siège éjectable ? Le Premier ministre Michel Barnier a reçu TF1 et France 2 ce mardi 3 décembre au soir à Matignon, pour un entretien diffusé au 20 Heures des deux chaînes à la veille de l’examen de deux motions de censure déposées contre son gouvernement. S’il s’est voulu combatif et a même voulu croire que sa survie à la tête du gouvernement était encore «possible», Michel Barnier a aussi dressé un panorama sombre s’il venait à être censuré. Si vous aviez mieux à faire, Libé vous résume les principaux points à retenir de cette intervention.

Survivre à la censure «c’est possible» mais ce n’est pas un enjeu personnel

Michel Barnier a voulu faire croire que rien n’est encore joué même si la censure de son gouvernement semble inéluctable. Survivre à la motion de censure, «c’est possible, ça dépend des députés, qui ont chacun et chacune une part de responsabilité, a assuré le locataire de Matignon, pour qui «c’est possible qu’il y ait ce réflexe de responsabilité» pour «l’intérêt supérieur du pays.» Car c’est bien de cela qu’il s’agit et non de sa propre personne, assène Michel Barnier, jurant que «les voitures officielles, les ors de la République, je m’en fous». «Ce n’est pas une question de survie politique pour moi, dit-il encore. Je suis dans ce bureau depuis trois mois. J’y suis arrivé le 5 septembre en me disant que je pouvais partir le lendemain matin.»

En cas de censure «tout sera plus difficile et tout sera plus grave»

Sortez les trompettes de l’Apocalypse. Questionné sur les conséquences d’une censure, Michel Barnier s’est fait alarmant. «Ce dont je suis sûr c’est que si la motion de censure passe tout sera plus difficile et tout sera plus grave», a lâché le locataire de Matignon. Avant de développer : «Près de 18 millions de Français verront leur impôt sur le revenu augmenter et d’autres en paieront pour la première fois. C’est inéluctable.»

Interrogé sur la possibilité de faire encore un geste sur le budget de la Sécurité sociale, le Premier ministre semble dire qu’il est allé au bout de ce qui était possible. «Nous avons fait un effort, nous avons décidé de protéger les petites retraites. Un petit effort est demandé à tous les autres», a assuré Michel Barnier. Selon lui, toutes les revendications ne peuvent pas être acceptées car la situation financière du pays ne le permet pas. «On va payer l’année prochaine 60 milliards d’intérêts. C’est plus que le budget de la Défense et de l’Education nationale», a-t-il illustré.

Du «respect» pour le RN, pas pour «l’extrême gauche»

Au moment de désigner les responsables de la situation d’inconfort dans laquelle il a été placé, Michel Barnier a clairement tapé plus sur un camp que sur l’autre. A propos de la motion de censure déposée par les partis du Nouveau Front populaire, Michel Barnier a fustigé un «texte rédigé par l’extrême gauche» qui constitue dans un «manque de respect» dans ses termes. Le tout avant d’embrayer sur «la récente proposition de l’extrême gauche pour abolir le délit d’incitation du terrorisme». «Il faut savoir qui va être avec qui et qui va être solidaire de qui», lâche Barnier, tentant de fracturer ses opposants de gauche. «J’ai appelé deux ou trois dirigeants du Parti socialiste, Olivier Faure et Boris Vallaud, ils m’ont dit “on ne veut pas vous voir maintenant on votera la censure”», s’est-il encore offusqué.

Questionné sur le RN, le Premier ministre a réagi avec beaucoup plus de mansuétude, même si Marine Le Pen est entrée «dans une sorte de surenchère». «Je ne négocie pas, j’ai écouté. Est-ce que vous avez vu un groupe de parlementaires du RN être aussi nombreux dans le Ve République ? Je les respecte comme je dois respecter 11 millions de citoyens ont voté pour eux et de comprendre pourquoi ils ont voté pour eux», a-t-il développé. «Il n’y a pas de marchandage, il y a eu une écoute», «une sorte de négociation», a encore assuré Michel Barnier.

Emmanuel Macron ne doit pas démissionner

Interrogé sur l’hypothèse d’une démission du Président de la République, appelée de leurs vœux par plusieurs figures politiques pour résoudre la crise, Michel Barnier a rejeté l’idée d’un revers de main. «Le Président de la République a été élu pour 5 ans, il a été clairement élu, il a la légitimité populaire», tranche le Premier ministre. «Il n’a jamais évoqué avec moi cette hypothèse, ni lui avec moi ni moi avec lui, dit-il encore. Je travaille en confiance avec lui et je reste un homme indépendant.»