Un mystère, malgré ses cinquante-et-une années d’expérience politique. Michel Barnier, choisi par Emmanuel Macron au terme de deux mois de crise politique, sera-t-il un simple collaborateur du chef de l’Etat ou un vrai Premier ministre de cohabitation ? «Le gouvernement gouvernera, et je ne ferai en bonne intelligence avec le Président», a-t-il répondu dans une parfaite langue de bois pour sa première interview vendredi soir sur le plateau du journal de 20 heures de TF1. A 73 ans, le chef de gouvernement le plus âgé de la Ve République s’emploie à brouiller les pistes. Son équipe «ne sera pas seulement un gouvernement de droite», louvoie-t-il, évoquant «des hommes et femmes de bonne volonté qui appartiennent à la majorité sortante», et même «des gens de gauche», en dépit du rejet unanime des quatre groupes du Nouveau Front populaire (NFP).
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Lui qui a été désigné avec l’assentiment du RN, qui ne compte pas le censurer d’entrée, contrairement aux options Xavier Bertrand et Bernard Cazeneuve, fait mine de ne pas voir le problème. «Je n’ai rien de commun ou pas grand-chose de commun avec les thèses ou les idéologies du RN», jure-t-il. S’il n’a pas eu de «discussions avec Madame Le Pen», il la «respecte» et prévoit de la rencontrer sous peu, comme les représentants de tous les autres groupes représentés à l’Assemblée. Etre traitée comme les autres partis est justement un critère énoncé par la patronne du RN pour ne pas censure