La polémique prend de l’ampleur. Dans un communiqué publié tard ce mercredi soir 13 mars, Sciences Po annonce saisir le procureur de la République pour «des faits à caractère antisémite», en étroite collaboration avec le ministère de l’Enseignement supérieur. Plus tôt, Gabriel Attal avait annoncé devant le conseil d’administration de Sciences-Po que son gouvernement allait lui aussi saisir la justice, via l’article 40 de procédure pénale, après que l’accès à un amphithéâtre a été interdit la veille à une étudiante de l’Union des étudiants juifs de France (UEJF).
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Emmanuel Macron avait déploré des propos «inqualifiables et parfaitement intolérables» rapportés lors de cette mobilisation pro-palestinienne la veille à Sciences-Po Paris. Mardi matin, dans le cadre d’une «journée de mobilisation universitaire européenne pour la Palestine», une centaine d’étudiants pro-Palestiniens ont occupé l’amphithéâtre principal de la grande école, empêchant la tenue d’un cours magistral. Selon la direction de Sciences-Po, qui a publié un communiqué sur X, une étudiante de l’Union des étudiants juifs de France (UEJF) a alors «été empêchée d’accéder à l’amphithéâtre» où se tenait l’action, et «des propos accusatoires ont été prononcés [à la tribune] à l’encontre» de l’association étudiante. La direction «saisira la section disciplinaire en vue de sanctionner ces agissements intolérables», ajoute-t-elle : «Nous considérons que plusieurs lignes rouges ont été franchies.»
— Sciences Po (@sciencespo) March 12, 2024
Sur X, l’UEJF a affirmé que l’étudiante en question s’était entendu dire, «ne la laissez pas rentrer, c’est une sioniste». L’association estime qu’une «limite [a été] franchie à Sciences-Po» et que «les étudiants de l’UEJF y sont pris à partie comme juifs et sionistes». De son côté, le président du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif), Yonathan Arfi, a déploré un «antisémitisme d’atmosphère». D’après Prisca Thevenot, porte-parole du gouvernement, «des témoins ont été entendus» par la ministre de l’Enseignement supérieur, Sylvie Retailleau, qui s’est rendue sur place mardi. Prisca Thevenot a aussi invité «la jeune étudiante qui a été victime de ces propos (...) à se présenter devant la justice».
Pourtant, malgré toutes ces condamnations, l’épisode incriminé reste encore confus. Selon une témoin présente dans l’amphithéâtre et citée par l’AFP, l’étudiante de l’UEJF a été empêchée d’entrer «pour des raisons de sécurité, parce qu’elle avait auparavant intimidé des étudiants pro-Palestiniens». «Elle est la seule à n’avoir pu entrer. D’autres membres de l’UEJF ont assisté aux débats», a affirmé cette étudiante, sous couvert d’anonymat.
Mis à jour : à 18 h 53, avec l’annonce de Gabriel Attal ; à 22 h 05 avec le communiqué de Sciences Po.