349 caricatures pour 349 députés. Un mois après le vote de la loi immigration au Sénat et à l’Assemblée, et à deux jours de manifestations la dénonçant, dimanche 21 janvier, une soixantaine de dessinateurs s’unissent contre le texte et ceux qui l’ont voté. Ensemble, ils ont caricaturé chacun des 349 députés (Renaissance, Modem, Horizons, Liot, LR et RN) qui ont permis à la loi d’être adoptée le 19 décembre. Objectif : que le grand public connaisse leur visage et qu’ils soient brandis dans les manifestations de ce dimanche. «Vous pouvez imprimer, coller, diffuser ces portraits, manifester avec, en faire des tirages, des stickers, vous pouvez vous les réapproprier tant que cela est pour dire #Barrage #StopLoiDarmanin», écrivent-ils sur un site internet où chacun des dessins est téléchargeable en libre accès.
L’idée est partie d’un dégoût commun. Celui de voir l’extrême droite se faire chaque jour une place plus importante en France et la macronie «paraphraser le programme du RN et voter avec», explique Loïc Sécheresse, l’un des dessinateurs à l’origine de cette série de portraits. «On voit la notion de barrage se perdre, poursuit-il. La fameuse phrase d’Emmanuel Macron, «ce vote m’oblige», même si on n’y a jamais cru, ça paraît bien loin aujourd’hui. C’est important, collectivement, de faire barrage. On le fait par notre vote tous les cinq ans, mais ça ne suffit pas. Faire une action ensemble, s’y opposer, c’est nécessaire.»
En 2020, pour s’opposer à la loi sécurité globale, une trentaine de dessinateurs avaient déjà pris leurs crayons pour croquer les 388 «députés de la honte» qui avaient permis au texte de passer. L’objectif était «de faire un pied de nez à celleux qui nous représentent et décident que nos agissements et visages dans l’espace public ne nous appartiennent plus tout à fait», retrace Loïc Sécheresse.
Les portraits des députés ayant voté pour la #LoiSecuriteGlobale sur le parcours de la manif. #Violencepolicieres pic.twitter.com/NRaAgtTEKh
— Remy Buisine (@RemyBuisine) November 28, 2020
Trois ans plus tard, le mode d’action a été repris. «Avec ces dessins, on peut mettre un visage sur le néofascisme. Car cette montée de l’extrême droite, elle est portée par des gens, en l’occurrence les 349 députés qui ont décidé de la valider», explique Quentin Faucompré, qui a également participé à l’organisation de cette mobilisation. Le dessin, «ça permet aussi une certaine mise à distance critique, différente des visages planqués et propres des photos sur le site de l’Assemblée», complète Florence Dupré la Tour, «alors que ces mêmes personnes votent des lois abjectes».
Sur le site du collectif, la liste des portraits paraît interminable. Il faut faire défiler son écran de longues secondes pour en venir à bout. «C’est terrifiant. Cela montre à quel point les personnes qui ont voté ça sont nombreuses. Ça rend les choses concrètes, palpables, moins abstraites qu’une simple liste de noms», reprend Loïc Sécheresse. Désormais, assure-t-il, «ces dessins ne nous appartiennent plus». Chacun est libre d’en faire ce qu’il souhaite. A condition, évidemment, «que ce soit pour lutter contre cette loi».