Il a donc choisi Michel Barnier. Après deux mois d’attente et de négociations à la suite de la défaite de son camp aux élections législatives, Emmanuel Macron a annoncé ce jeudi 5 septembre la nomination au poste de Premier ministre de l’ancien commissaire européen Michel Barnier, membre du parti Les Républicains (LR). L’intéressé, ancien ministre, notamment aux Affaires étrangères et à l’Environnement, et ancien sénateur de Savoie, était candidat à la primaire LR pour l’élection présidentielle 2022. Battu au premier tour, il avait ensuite défendu Valérie Pécresse contre Éric Ciotti. Quel était alors le programme de celui qui se définit comme un «gaulliste social» ? Décryptage.
Sur l’immigration : une approche répressive, un moratoire et un référendum
Michel Barnier avait défendu des positions très fermes sur l’immigration et la sécurité. «On ne répare rien, on ne construit rien sans sécurité et si ce sont les passeurs et les juges qui décident qui peut entrer en France et qui peut y rester», affirmait-il au Figaro en novembre 2021. Le Savoyard, natif de La Tronche en Isère, proposait en conséquence un «moratoire» sur l’immigration de trois à cinq ans : cette «pause» serait un «préalable à la reprise en main de notre politique migratoire», expliquait-il. Dans cette optique, le candidat voulait «cesser les régularisations inconditionnelles des sans-papiers», «accélérer le parcours du demandeur d’asile», durcir les critères du regroupement familial, et réduire la délivrance des visas long séjour.
Il avait en outre surpris, voire choqué, jusque dans son camp, en prônant un référendum pour permettre de retrouver une «liberté de manœuvre» en matière d’immigration, suggérant ainsi que la France devrait s’affranchir des règles garanties par les instances juridiques de l’Union européenne et du Conseil de l’Europe. Critiqué, l’intéressé avait fustigé des «cris d’orfraie» et une «mauvaise polémique», et maintenu qu’en matière d’immigration, «si on ne change rien, il y aura d’autres Brexit».
Je veux mettre un coup d’arrêt à l’immigration: fin des régularisations, limitation du regroupement familial,suppression de l'AME, zéro immigration sociale.
— Michel Barnier (@MichelBarnier) November 21, 2021
Un bouclier constitutionnel nous protégera contre des jurisprudences toujours trop favorables aux étrangers.#DebatLR pic.twitter.com/6I35YvZqCf
En économie, un libéral, partisan de la retraite à 65 ans et d’une baisse des impôts de production
Le candidat à la candidature pour la présidentielle de 2022 promettait à l’époque une «stricte trajectoire d’économies» pour le budget de l’Etat et une «maîtrise de la dette». Pour stimuler le «retour du travail et de l’activité, […] clé de la croissance», il préconisait de réduire les impôts de production de 10 milliards d’euros, et de baisser les charges sociales sur les salaires intermédiaires, de 1,6 à 2,5 smic - tout en prévoyant d’augmenter les salaires dans les «services publics essentiels de la santé et de l’éducation». Adepte de «réformes courageuses», Michel Barnier suggérait «le passage à la retraite à 65 ans», comme Emmanuel Macron pendant la campane présidentielle. Il proposait aussi une «plus grande efficacité de l’État» et des collectivités locales, «notamment pour éliminer tous nos doublons administratifs».
Sur le social, un critique de «l’assistanat» qui revendique le «dialogue»
Récitant un classique mantra de droite, l’ancien ministre disait vouloir «encourager le travail et le mérite, au détriment de l’assistanat», notamment en suspendant les allocations chômage «après deux refus d’une offre raisonnable». Il se déclarait toutefois «beaucoup plus soucieux» du dialogue social qu’Emmanuel Macron. Il disait aussi vouloir lutter contre la fraude sociale, notamment à l’Assurance maladie, et proposait pour ce faire de remplacer toutes les cartes Vitale par des cartes biométriques, afin d’«économiser des sommes considérables» en supprimant un «véritable nid de fraudes».
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Sur l’environnement, un plan d’isolation des logements et une relance du nucléaire
«On réduira la pollution agricole avec les agriculteurs, pas contre eux. On décarbonera l’économie avec les entreprises, pas contre elles», avait affirmé Michel Barnier, qui proposait un «grand plan national d’isolation des logements». Le nouveau Premier ministre disait par ailleurs vouloir «relancer» le nucléaire et investir dans les énergies renouvelables, comme le photovoltaïque, la biomasse, l’hydraulique - mais pas l’éolien «qui fait beaucoup de dégâts».