C’était l’un des visages de l’extrême gauche française et l’une des dernières figures de Mai 1968. Alain Krivine, qui fut député européen de 1999 à 2004, est décédé ce samedi 12 mars, à 80 ans. Militant infatigable, révolutionnaire dans l’âme et éternel révolté aux convictions inchangées, sa vie s’est confondue avec l’histoire de la gauche radicale en France au cours du XXe siècle.
«Alain Krivine, mon camarade et ami, tu nous a quittés. Je t’entends encore dire que la plus belle manière de célébrer la mémoire des disparus est de perpétuer leur combat. Celui de toute une vie te concernant, sans jamais renoncer. Le faire sans toi n’aura plus jamais la même saveur», a réagi Olivier Besancenot, candidat de la LCR, le parti fondé par Krivine, aux présidentielles de 2002 et 2007.
Son portrait dans Libé en 1997
Alain Krivine est né le 10 juillet 1941 à Paris, dans une famille juive intellectuelle de gauche. La branche paternelle vient d’Ukraine, d’où elle a fuit les pogroms antisémites. Son père, athée, est dentiste. Sa mère, elle, s’occupe des cinq garçons. Alain est le cadet, avec son faux jumeau Hubert. «De beaux enfants», lâcheront deux agents de la Gestapo penché sur le berceau de l’appartement familial, durant la guerre. «Ce serait mentir de dire que je suis devenu antifasciste depuis l’âge de six mois devant le type de la Gestapo», en rigolait l’intéressé dans l’émission Tout le monde