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Libération
Disparition

Mort de Jacques Delors, l’architecte de l’Europe

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Figure majuscule de la construction européenne et bâtisseur, entre 1985 et 1995, de l’Union actuelle, cet ancien de la Banque de France avait fait ses classes politiques à Matignon avec Chaban-Delmas époque «nouvelle société», avant de tenir les Finances en 1981 et de convertir Mitterrand à la rigueur. Il est mort mercredi 27 décembre à 98 ans.
Jacques Delors au meeting de Ségolène Royal au Grand Palais de Lille, le 3 mai 2007. (Sébastien Calvet/Libération)
publié le 27 décembre 2023 à 17h54

Ils sont rares ces moments politiques où, en direct à la télévision, un homme fait le choix d’un chemin plutôt qu’un autre. Le dimanche 11 décembre 1994, à l’heure du souper, Jacques Delors est l’invité sur TF1 de l’émission politique phare d’Anne Sinclair, 7 sur 7. François Mitterrand, âgé et malade, va quitter l’Elysée en mai. Il n’a pas de successeur désigné au PS : Michel Rocard a dilapidé ce qu’il lui restait de crédit aux dernières européennes. A droite, Jacques Chirac est déjà lancé. Edouard Balladur le fera en janvier depuis son bureau de Matignon. Une partie de la gauche rêve de Delors. Après dix ans de mandat, l’ancien ministre des Finances de Mitterrand entre 1981 et 1984 doit quitter la présidence de la Commission européenne en janvier. Auréolé de son bilan à Bruxelles – la transformation de la Communauté économique européenne (CEE) en future Union européenne (UE) –, il est vu comme le seul, à gauche, à avoir une stature d’homme d’Etat.

Face à Anne Sinclair, Delors disserte pendant toute l’émission avec le ton posé et empathique qui le caractérise. Sur l’Europe, la Russie, la France, la