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Réactions

Mort de Thomas à Crépol : Borne appelle à «la décence», Véran dénonce «l’instrumentalisation»

Le gouvernement a vivement réagi ce mercredi 22 novembre aux tentatives de récupération, par la droite et l’extrême droite, du meurtre samedi soir d’un adolescent de 16 ans dans la Drôme.

6 000 personnes se sont rassemblées devant le lycée du Dauphiné suite à la mort du jeune Thomas en marge d'une fête dans le village de Crépol, dans la Drôme, le 22 novembre 2023. (Alexandre Bagdassarian/Hans Lucas pour Libération)
Publié le 22/11/2023 à 17h43, mis à jour le 22/11/2023 à 21h31

A l’heure du recueillement, le gouvernement tente d’apaiser. En parallèle de la marche blanche en mémoire de Thomas, tué en marge d’un bal de village samedi à Crépol (Drôme), la Première ministre Elisabeth Borne a appelé ce mercredi 22 novembre devant l’Assemblée nationale à «la retenue et à la décence». «Utiliser ce drame pour jouer sur les peurs, c’est manquer de dignité et de respect pour les victimes», a-t-elle déploré, tout en condamnant des violences «graves» et «inacceptables».

A la sortie du Conseil des ministres, le porte-parole du gouvernement Olivier Véran a quant à lui critiqué une «polémique politicienne» dans laquelle il «ne rentrerai[t] pas». Il s’en est pris à la volonté d’«exploiter» et «d’essayer d’instrumentaliser un procès politique» «avant d’avoir les réponses aux questions qui sont posées». Véran a par ailleurs affirmé que «les coupables seront très sévèrement condamnés» pour cet «acte atroce».

Dès l’annonce des faits, des responsables politiques de droite et d’extrême droite ont multiplié les tweets et les déclarations faisant le lien entre cet acte et l’immigration. Marion Maréchal Le Pen a évoqué le «racisme anti-blanc», d’autres la «racaille», le «jihad du quotidien», pour analyser ce drame qui serait, selon Marine Le Pen, «une attaque organisée, émanant d’un certain nombre de banlieues criminogènes dans lesquelles se trouvent des milices armées qui opèrent des razzias».

Véran dédit Darmanin

A l’Assemblée nationale mardi 21 novembre, le garde des Sceaux Eric Dupond-Moretti avait répondu aux volontés récupératrices du Rassemblement national. «La vie enlevée de ce gosse de 16 ans méritait à l’évidence un moment de silence et de recueillement. Il a immédiatement été substitué par un moment de polémique. Il n’y a pas de hasard, il n’y a que des rendez-vous. Les rendez-vous du malheur que vous honorez, qu’il s’agisse de la petite Lola ou du petit Clément», avait-il lancé aux députés lepénistes.

Une voix, pourtant, discorde au sein du gouvernement. Dès lundi, le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin, qualifiant d’«ignoble» et «inacceptable» le décès du jeune homme, avait conclu : «Cela s’appelle l’ensauvagement», parlant de «faillite générale de notre société» et estimant qu’il «y a à repenser le cadre de l’autorité». Interrogé ce mercredi sur le choix du terme «ensauvagement», Olivier Véran a estimé que «cela prend plus qu’un mot pour pouvoir dire les choses».

Dans la soirée, Emmanuel Macron a dénoncé «le terrible assassinat» de Thomas, «une agression qui nous a tous marqués». «Nous avons à affronter de plus en plus des épisodes de violences contre vous, élus de la République, mais aussi des épisodes de violences qui nous ont tous marqués», a dit le chef de l’Etat dans un discours aux maires, conviés à une réception à l’Elysée.

Mise à jour à 21h30 : avec les déclarations d’Emmanuel Macron.