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Polémique

Mort d’Ismaïl Haniyeh : le PS critique un post de Sophia Chikirou, qui se défend

Fustigée par les socialistes, la députée LFI affirme n’avoir à aucun moment souhaité saluer la mémoire du chef de la branche politique du Hamas, tué à Téhéran la semaine dernière, mais avoir posté sur son compte Instagram un communiqué à titre purement informatif.
La députée LFI Sophia Chikirou, à l'Assemblée nationale, le 16 janvier. (Albert Facelly/Libération)
publié le 4 août 2024 à 16h03

Un post Instagram publié jeudi 1er août par l’insoumise Sophia Chikirou, qui relayait un hommage au chef du Hamas, Ismaïl Haniyeh, tué mercredi dernier à Téhéran dans une frappe imputée à Israël, a suscité de nombreuses critiques y compris de la part du PS, allié à LFI au sein du Nouveau Front populaire. Ce à quoi la députée LFI de Paris a répondu dimanche à Libération en niant tout soutien aux «actes terroristes» du Hamas et en affirmant n’avoir rendu aucun «hommage» mais seulement republié des textes à titre «d’information».

C’est une nouvelle polémique avec le PS qu’a créé Sophia Chikirou, sur ce thème électrique entre les deux alliés du NFP, qui s’étaient difficilement accordés en juin sur une position commune condamnant les attaques du Hamas qualifiées de «terroristes». Une exigence de la tête de liste socialiste aux européennes Raphaël Glucksmann.

L’un des textes sur Ismaïl Haniyeh qu’a relayé l’élue LFI, sur son compte Instagram personnel, était un hommage au chef du Hamas par son fils, qui définissait Ismaïl Haniyeh comme un «martyr» et le chef de la «résistance» palestinienne. Ce dirigeant de la branche politique du Hamas était visé par un mandat d’arrêt de la Cour pénale internationale pour sa participation aux massacres du 7 Octobre.

«Provocations» qui «minent le travail collectif»

Le premier secrétaire du PS Olivier Faure, allié de LFI au sein du Nouveau front populaire, a critiqué avec virulence sur X vendredi le post de Sophia Chikirou : «Le programme du Nouveau Front populaire est très clair. Sophia Chikirou n’engage qu’elle-même par ses provocations qui ont pour seul effet de susciter des polémiques qui minent le travail collectif.» Comme lui, la porte-parole du PS Chloé Ridel s’est indignée du terme de «martyr» : «Penser que l’assassinat d’Ismaïl Haniyeh, négociateur du Hamas pour un cessez-le-feu et la libération des otages, ne fera que renforcer la branche militaire du Hamas et nous éloigne de la paix est une chose. Relayer des contenus qui l’érigent en martyr en est une autre, indigne. Cet homme fut le chef de la branche politique du Hamas, mouvement ouvertement antisémite et prônant la destruction de l’Etat d’Israël. Il dansait sur l’assassinat de civils israéliens le 7 Octobre.»

La présidente socialiste de la région Occitanie Carole Delga, partisane d’une rupture du PS avec LFI, a dénoncé un post «abject» qui, selon elle, constitue une «apologie du terrorisme» et un «porte-voix de la haine des juifs», en regrettant que les «contrats et engagements du NFP» soient «piétinés». La Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme a condamné le post, tout comme l’Union des étudiants juifs de France qui a annoncé le dépôt d’une plainte pour «apologie du terrorisme».

«Monter en épingle une polémique»

Interrogée par Libération, Sophia Chikirou a répondu qu’elle ne soutenait pas le Hamas dont elle condamnait les «actes terroristes», et répété avoir seulement partagé «une biographie» du chef du Hamas et «un communiqué de presse de son fils dans lequel il dénonce l’assassinat», à titre d’«information». «Je ne soutiens pas le Hamas, ni sa branche politique élue à Gaza dont je ne partage en rien le projet islamiste. Je ne soutiens pas davantage sa branche armée car je dénonce et condamne ses actes terroristes visant des populations civiles et notamment ceux du 7 Octobre, a répondu à Libération la députée LFI. Je suis mise en cause pour avoir partagé trois visuels sur mon compte Instagram privé, fermé au public, qui ne rendent aucun hommage. L’un fait état de la biographie du chef du Hamas en cinq points et les deux autres sont un communiqué de presse de son fils dans lequel il dénonce l’assassinat et rappelle que la résistance du peuple palestinien ne faiblira pas pour autant. Le mot Hamas n’y figure pas une seule fois. Je n’ai fait aucun commentaire. J’ai partagé cela comme une information.» «J’ai supprimé ces visuels quatre heures après leur publication, dès que l’extrême droite a commencé à attaquer sur les réseaux sociaux et à monter en épingle une polémique. Je m’inquiète des réactions agressives et disproportionnées. Je déplore de voir des médias servir une telle opération», a-t-elle ajouté.