Droit dans ses bottes. En déplacement dans la Manche, le Premier ministre Gabriel Attal a affirmé ce samedi qu’il «n’y aura jamais de droit au blocage» dans les universités, au lendemain d’une mobilisation pro-palestinienne sous tension à Sciences-Po à Paris, conclue par un accord entre manifestants et direction.
«Il n’y aura jamais de droit au blocage, jamais de tolérance avec l’action d’une minorité agissante et dangereuse qui cherche à imposer ses règles à nos étudiants et nos enseignants», a déclaré M. Attal lors d’un déplacement dans la Manche consacré à l’agriculture.
Le Premier ministre a déploré «le spectacle navrant et choquant» du blocage et de l’occupation partielle de l’établissement parisien par des manifestants pro-palestiniens vendredi, qui a tourné au face-à-face tendu avec d’autres manifestants pro-Israël.
Reportage
La situation s’est cependant apaisée dans la soirée, après que la direction a annoncé la suspension de procédures disciplinaires et l’organisation d’un débat interne la semaine prochaine.
«Pour qu’il y ait du débat il faut que les règles soient respectées, que le respect des positions des uns et des autres soit permanent, ce n’est pas ce qu’on a vu hier», a estimé M. Attal, accusant «une minorité agitée par des forces politiques notamment La France Insoumise (de) chercher à perturber le fonctionnement de cette institution».
«Je ne l’accepterai pas», a-t-il ajouté, promettant de «maintenir une vigilance absolue […] sur le respect des valeurs de la République et de la loi».
Le «jeu dangereux» de LFI
La ministre de l’Enseignement supérieur Sylvie Retailleau a quant à elle «remercié» la direction de Sciences Po après l’accord qui a mis fin au mouvement dans cet établissement, «qui doit rester un lieu d’études, de respect et de débat serein».
«Honte à ceux qui instrumentalisent les passions : leur cynisme les aveugle», a ajouté sur le réseau X la ministre. Vendredi, elle avait dénoncé le «jeu dangereux» attribué dans cette mobilisation à LFI, dont plusieurs députés étaient présents dans le rassemblement devant Sciences Po.
«Les universités françaises, contrairement à ce qu’on pourrait lire ou entendre, ne sont pas à feu et à sang. Même à Sciences Po, c’est un tout petit groupe qui bloque», a par ailleurs souligné le président de l’université de Strasbourg, Michel Deneken, interrogé samedi matin sur RMC. «Instaurer un débat, ce n’est pas céder aux étudiants, c’est faire notre boulot. Nous devons être vigilants, notre mission est de laisser le débat contradictoire s’instaurer, dans la paix, l’échange académique mais pas dans la vocifération ou la récupération politique», a-t-il ajouté.
Mise à jour à 14h45 : avec ajout de la réaction de Sylvie Retailleau et du président de l’Université de Strasbourg.