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Municipales à Marseille : accusé de corruption de mineur, le chef de file des écolos se met en retrait

Convoqué par la justice mi-novembre pour des faits qu’il réfute, Hassen Hammou s’est retiré de la course aux élections de mars 2026. Il venait tout juste d’être désigné pour mener les négociations avec la majorité municipale de gauche.

Hassen Hammou est soupçonné de «corruption de mineur par un moyen de communication électronique», faits pour lesquels il «clame [son] innocence». (DR)
ParStéphanie Harounyan
correspondante à Marseille
Publié le 16/10/2025 à 19h17

Pour une fois, les écologistes marseillais avaient fait simple. Réunis mardi 14 octobre au soir pour se mettre en ordre de bataille en vue des municipales de mars 2026, les militants locaux avaient validé, avec 87 % de voix favorables, la stratégie d’union dès le premier tour avec la majorité sortante du Printemps marseillais, l’alliance électorale qui soutient le maire ex-PS Benoît Payan. Dans le même temps, ils désignaient leur chef de file, chargé de négocier avec les autres partis de l’union PS-PCF-société civile qui, depuis 2020, tient la majorité au conseil municipal : c’est Hassen Hammou, 36 ans, militant marseillais et membre du bureau exécutif national, qui endossait le rôle… avant d’annoncer ce jeudi, sur son compte X, se «mettre en retrait» de la fonction.

L’ex-chef de file, a révélé la Provence, est en effet convoqué le 13 novembre prochain devant le tribunal correctionnel, accusé de «corruption de mineur par un moyen de communication électronique». Des faits qu’il conteste : «Je réaffirme mon innocence et espère que la justice fera toute la lumière sur cette affaire avec impartialité et sérénité, écrit-il encore sur X. Cette période de retrait est pour moi un moment de respect envers nos engagements communs et envers l’institution judiciaire. Je reviendrai plus déterminé que jamais à poursuivre notre travail dès que la situation le permettra.» Le vendredi 17 octobre, le bureau politique des Ecologistes a annoncé le «suspendre à titre conservatoire, dans l’attente de la décision de justice»

Hassen Hammou dénonce un «procès politique»

D’après le récit fait par Hassen Hammou, les faits remontent à juin 2023. Il «donne rendez-vous» à son domicile à une femme qu’il pensait majeure, affirme-t-il. Lors de la rencontre, il explique avoir été «agressé par deux personnes» qui lui volent ses biens. Pour ces faits, «ils se sont fait condamner par la justice», souligne-t-il. Reste, pour la justice, à traiter son propre délit présumé. Selon la Provence, le militant aurait été placé une première fois en garde à vue l’an dernier, puis convoqué une nouvelle fois en septembre, où lui aurait été notifiée par le parquet sa prochaine convocation devant le tribunal correctionnel. «Voir mon nom sali dans une affaire où je me suis constitué partie civile et dans laquelle mes agresseurs ont été déclarés coupables d’extorsion avec armes il y a plus d’un an est insupportable», dénonçait Hassen Hammou mercredi, toujours sur X, se déclarant «serein sur le fond» et dénonçant un «procès politique» du fait de la «temporalité de ces annonces médiatiques».

Comme le vert à l’automne, les écologistes marseillais l’ont décidément mauvaise… Le vote clair de mardi enterrait l’épisode houleux précédant les municipales de 2020 – à l’issue d’une consultation interne actant une liste autonome au premier tour, une partie des militants avaient choisi à l’époque de soutenir d’emblée la liste du Printemps marseillais derrière Michèle Rubirola, suspendue du parti pour ce choix puis élue maire de Marseille avant de laisser sa place pour raison personnelle à Payan un an plus tard.

Depuis, ils avait dû aussi digérer la mise sous tutelle, en mars dernier, de la fédération régionale de Paca, conséquence notamment de divergences marseillaises réveillées par l’imminence des municipales. Il avait, aussi, fallu serrer les rangs en juin, après la suspension à titre provisoire de l’élu municipal Sébastien Barles, sanctionné par le bureau politique pour avoir lancé son propre collectif «écolo-citoyen» en vue des élections, hors des procédures définies par le cadre national. De quoi, en tout cas, «siffler la fin de la récré» localement, souligne encore un cadre du mouvement. Du moins en apparence.

Effet collatéral de cette gestion en direct par Paris, les troupes marseillaises ont pu bénéficier d’un négociateur de poids pour ces futures municipales : c’est la secrétaire nationale du mouvement elle-même, Marine Tondelier, qui a discuté avec les potentiels partenaires à gauche, notamment en marge d’une visite à Marseille fin septembre, posant auprès de chacun les attentes des écologistes en cas de liste commune.

C’est pour «protéger le collectif» que Hassen Hammou dit avoir choisi de se mettre en retrait. Une décision saluée par Christine Juste, adjointe écolo à l’environnement : «Cette démarche permet de protéger le mouvement et de gérer sereinement ses problématiques judiciaires, souligne l’élue. Quoi qu’il en soit, la campagne a démarré. Nous avons une stratégie, on se serre les coudes et on continue.» Mais comme l’admet un cadre local du mouvement : «On se serait bien passé de cette actualité.»

Mise à jour le 17 octobre à 18 heures, avec la décision du bureau politique des Ecologistes.