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Encore un cumul
«La Cour des comptes n’a jamais interdit à quiconque de faire de la politique : elle impose un devoir de réserve», assure dans le Parisien son président, Pierre Moscovici. Cela tombe bien, la question se posait concernant la nouvelle conseillère maître à la Cour des comptes, Najat Vallaud-Belkacem. Cette dernière a fait savoir au quotidien par son entourage qu’elle entendait conserver ses autres postes, à savoir présidente (bénévole) de l’association France Terre d’asile et conseillère régionale d’Auvergne-Rhône-Alpes. Même Bayrou (qui cumule la fonction de Premier ministre et de maire de Pau) sera sans doute impressionné par un tel cumul. Pour «Mosco», ces engagements ne sont toutefois pas «incompatibles» avec sa nomination à la Cour des comptes. «Mais ils ne doivent pas lui prendre trop de temps. Et elle devra garder la mesure dans son expression, conformément à nos règles déontologiques», enjoint-il. Le Parisien rappelle par ailleurs que la juridiction compte d’autres anciens ministres et élus locaux. Sans que cela ne pose problème.
Vu et s’en tape
Aucune pétition n’avait jamais franchi le cap des 500 000 signataires sur le site de l’Assemblée, où elles peuvent être mises en ligne à partir de 100 000 paraphes. Les 500 000 ouvrent la voie à un possible débat dans l’hémicycle, sur décision d’une des commissions de la chambre (celle sur la dissolution de la Brav-M avait été enterrée à ce stade) ou du bureau des Présidents, plus haute instance décisionnaire du Palais-Bourbon. C’est dire le caractère inédit et la force symbolique de la pétition réclamant l’abrogation de la loi Duplomb, présentée comme un soutien au secteur agricole, mais critiquée pour les reculs environnementaux qu’elle entérine, qui a dépassé, dimanche 20 juillet, le million de soutiens au beau milieu de l’été.
Mais l’initiateur de ce texte, le sénateur LR, Laurent Duplomb, n’est pas plus impressionné que cela par le rejet massif qu’il suscite après son adoption au terme d’un parcours parlementaire chaotique et à coups de manœuvres de procédure discutables. «Ça ne m’inspire pas grand-chose, ça veut dire que l’opposition s’exprime. […] Je dis pas que c’est négligeable, je dis que l’opposition s’exprime», a ainsi réagi l’élu de Haute-Loire (et agriculteur de profession) avec une certaine morgue auprès de France Info, dimanche. Et d’ajouter : «Derrière, il y aura un débat qui sera sûrement organisé à l’Assemblée pour redire malheureusement ce que nous avons dit pendant six mois.» En résumé : il n’en pense «pas grand-chose» si ce n’est que ça ne sert à rien.
Rip la démocratie
Il est vrai qu’un débat à l’Assemblée sur la pétition, même s’il avait lieu, ne changerait rien à l’adoption du texte, aujourd’hui entre les mains du Conseil constitutionnel. La présidente macroniste de l’Assemblée, Yaël Braun-Pivet, s’est ainsi dite favorable à ce débat tout en rappelant que sa portée ne serait que symbolique. Certains souhaitent en tout cas que ça n’aille pas plus loin que cela et que la loi ne soit pas abrogée. «Si on rentre dans une logique de l’abrogation par pétition, c’est la fin de la démocratie représentative», s’alarme par exemple Marc Fesneau, président des députés Modem et ex-ministre des Relations avec le Parlement mais aussi… de l’Agriculture, dans l’Opinion ce matin. On pourrait rétorquer que «la démocratie représentative» peut aussi écouter les mobilisations citoyennes d’une telle ampleur, mais à ce compte-là, il faudrait également envisager de supprimer la réforme des retraites de 2023, ce qui relève de la science-fiction. Entre le maintien tel quel et l’abrogation, il y a une autre voie, explorée par la gauche et notamment l’ex-insoumis Alexis Corbière qui, sur BFM TV, appelle Emmanuel Macron à demander une nouvelle lecture du texte par les députés, en vertu de l’article 10.2 de la Constitution, cette nouvelle délibération avant promulgation ne pouvant être refusée.
Et sinon…
Dominique de Villepin fait un pas de plus vers une candidature en 2027. Car, ça y est, La France humaniste, son nouveau petit parti perso, s’est doté d’une association de financement. Ce qui lui permet désormais de présenter des candidats aux élections sur «le territoire national».