Menu
Libération
Symbolique

«Ne rien faire aurait été une faute» : le Parti socialiste prêt à défendre sa motion de censure «sur les valeurs» contre François Bayrou

Comme annoncé à la fin du mois de janvier, le PS défendra ce mercredi 19 février, à 17h30, sa propre motion de censure «spontanée» contre le Premier ministre après ses propos sur la «submersion» migratoire. Elle n’a toutefois aucune chance d’être adoptée puisque le RN a annoncé qu’il ne la voterait pas.
François Hollande et des députés PS à l'Assemblée nationale, le 11 février 2025. (Denis Allard/Libération)
publié le 17 février 2025 à 21h29

Chose promise, chose due. Comme annoncé il y a plusieurs semaines déjà, les socialistes vont défendre, ce mercredi 19 février à partir de 17h30, leur propre motion de censure contre le Premier ministre François Bayrou. Cette fois-ci, l’initiative n’a pas pour but de répondre à un 49.3 que le locataire de Matignon aurait déclenché pour faire adopter le budget sans vote, mais plutôt d’envoyer un message sur les « valeurs » au gouvernement.

«C’est un rappel à l’ordre. Elle vise à dire que si l’on peut trouver des compromis sur les questions budgétaires, l’Etat de droit ne se négocie pas», explique le président du groupe PS à l’Assemblée, Boris Vallaud. Une allusion à l’utilisation par le Béarnais de l’expression «sentiment de submersion» migratoire à la télévision puis dans l’hémicycle du Palais Bourbon. «Ne rien faire après de tels propos aurait été une faute», estime un député socialiste.

Le 27 janvier, les socialistes ont ainsi eu un haut-le-cœur en entendant, sur LCI, François Bayrou employer ce terme cher à l’extrême droite puis le maintenir le lendemain devant les députés. A tel point que le PS qui négociait alors avec le gouvernement sur le budget avait décidé de ne pas se rendre à une réunion avec l’exécutif. A l’époque, l’événement relance alors deplus belle le débat sur la censure qui traverse le parti à la rose et au poing.

Une partie du groupe socialiste, convaincue qu’il faut censurer le Premier ministre avec le reste des formations qui composaient encore le Nouveau Front populaire, se voit alors confortée. Les autres, opposés à toute censure au nom de la stabilité voient leurs convictions bousculées. «Tout le monde a été retourné. soufflait alors le député du Calvados Arthur Delaporte. Ils ne se rendent pas compte de l’importance de la dimension morale pour nous.»

Au nom des «valeurs»

Le PS décide finalement de ne pas soutenir les motions déposées par les insoumis en réponse aux différents 49.3 utilisés par le Premier ministre. En revanche, les socialistes annoncent qu’ils déposeront leur propre motion de censure au nom des «valeurs». «Après les propos de Bayrou, on s’est réuni immédiatement en se disant qu’il fallait avoir une position forte», raconte le président du conseil départemental de Haute-Garonne, Sébastien Vincini. Le PS met quelques juristes sur le coup pour démontrer que leur parti demeure dans l’opposition malgré leur choix d’épargner Bayrou sur les textes budgétaires. Une manière, aussi, d’essayer de calmer leurs députés les plus énervés par le Béarnais, tentés d’ajouter leurs voix aux motions des insoumis. Avec un résultat mitigé, six socialistes ont finalement voté celle sur le budget.

Cette stratégie en deux temps est loin d’avoir convaincu les autres partis de gauche. Les insoumis, en guerre avec les socialistes depuis leur refus de censurer Bayrou, dénoncent une tentative de «diversion». «C’est une volonté de se différencier, estime aussi une parlementaire écologiste. On assiste à la crise d’adolescence du PS qui veut à tout prix montrer qu’il n’est pas dans la main des insoumis.» Cette séquence est surtout vue comme un moyen, pour le PS, de se racheter une image d’opposant sans vouloir vraiment faire tomber le gouvernement. D’autant plus depuis que l’ancien président de la République, François Hollande, redevenu député de Corrèze, a déclaré que si le Rassemblement national venait à soutenir cette motion spontanée, le PS ne voterait finalement pas son propre texte car il «n’est pas fait pour renverser le gouvernement, [mais] pour l’interpeller». Une position personnelle, et «absurde» selon le premier secrétaire du PS Olivier Faure qui estime, lui, qu’une chute du gouvernement ne serait pas un «malheur».

Il n’empêche que l’examen de cette motion ce mercredi après-midi relèvera simplement de la symbolique. Car si la gauche tout entière votera le texte, le RN a confirmé dimanche qu’il n’y participera pas. «Non, nous ne voterons pas [la motion de censure] parce que le Parti socialiste l’a déposée pour une seule et unique raison : revenir et contester les propos de bon sens, même s’ils sont insuffisants, du Premier ministre qui a parlé d’un sentiment de ‘’submersion» migratoire», a estimé notamment Thomas Ménagé, député du Loiret. Sans l’extrême droite, le seuil des 289 députés nécessaire pour faire adopter la censure ne peut être atteint.