Le 21 octobre s’annonce d’ores et déjà historique en France : pour la première fois de l’histoire de la République, un ancien président va se retrouver derrière les barreaux. A quelques jours de son incarcération, après sa condamnation dans l’affaire du financement libyen de sa campagne de 2007, Nicolas Sarkozy entend maintenir les apparences. «Je n’ai pas peur de la prison. Je garderai la tête haute y compris devant les portes de la Santé», a-t-il assuré dans la Tribune Dimanche.
L’ancien responsable politique de 70 ans a été condamné le 25 septembre à cinq ans de prison ferme pour association de malfaiteurs, avec mandat de dépôt différé. Il sera vraisemblablement installé dans l’une des quinze cellules de 9 m² du quartier d’isolement. Ce choix lui éviterait des interactions avec les autres détenus, pour assurer sa sécurité et éviter toute photographie. Ses avocats devraient déposer une demande de mise en liberté dès son placement sous écrou : la cour d’appel aura deux mois pour se prononcer.
Ecriture d’un livre
Dans ses pages, l’hebdomadaire dominical décrit «les derniers jours de liberté» du ténor de la droite, «nouveau chapitre» d’une vie «construite dans l’adversité»… jusqu’à citer l’inquiétude de sa compagne, Carla Bruni, sur ce qu’il mangera en prison. On en oublierait presque les motifs de son incarcération, pour association de malfaiteurs avec un régime dictatorial dans le cadre du financement de sa campagne électorale, et que le jugement a été prononcé après dix ans d’enquête, 73 tomes de procédure, des demandes d’entraide pénale internationale dans plus de 20 pays, et trois mois de procès.
Pendant ses dernières semaines, l’ancien patron de l’UMP a revu d’anciens collaborateurs, Edouard Philippe ou encore Philippe de Villiers, détaille la Tribune dimanche et a appelé celles et ceux qui ont farouchement pris sa défense en reprenant l’antienne habituelle de la justice corrompue, Jordan Bardella et Marine Le Pen inclus. Selon nos confrères, Nicolas Sarkozy et Emmanuel Macron pourraient se rencontrer avant mardi.
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«Je me battrai jusqu’au bout pour faire valoir [mon innocence]», répète Nicolas Sarkozy dans les colonnes de la Tribune dimanche. Il n’a de cesse de clamer à l’injustice, voire de dénoncer un complot des juges : critique habituelle et dangereuse de l’institution judiciaire reprise par ses soutiens, à coups de contre-vérités. L’hebdomadaire dominical rappelle que la figure tutélaire de la droite compte écrire un livre lors de sa détention. Avec le capitaine Dreyfus et le comte de Monte Cristo en inspiration.
Et le clan Sarkozy n’entend pas faire redescendre la pression. Ses fils Jean, Pierre et Louis, ultramédiatisé ces derniers mois et en pleine campagne municipale à Menton (Alpes-Maritimes), en ont même appelé à une manifestation mardi, dans le très huppé XVIe arrondissement de Paris en «soutien» à leur père.