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Putsch

Niger : la France suspend son aide financière, l’Union africaine exige un retour à «l’autorité constitutionnelle»

Emmanuel Macron a réuni ce samedi 29 juillet les ministres concernés par la crise que traverse le pays de l’Afrique de l’Ouest avec la prise de pouvoir du général Tchiani, l’ex-chef de la garde présidentielle de Mohamed Bazoum.
Emmanuel Macron accueillait Mohamed Bazoum à l'Elysée le 16 février 2023. (Michel Euler/AP)
publié le 29 juillet 2023 à 11h32
(mis à jour le 29 juillet 2023 à 17h58)

La pression se renforce sur Niamey. La France a annoncé ce samedi 29 juillet en fin d’après-midi suspendre «toutes ses actions d’aide au développement et d’appui budgétaire» au Niger, après le putsch qui a vu le général Tchiani prendre le pouvoir, d’après un communiqué du ministère français des Affaires étrangères. Paris «demande le retour sans délai à l’ordre constitutionnel nigérien, autour du président Bazoum, élu par les Nigériens», a réaffirmé le texte du ministère.

Tout juste rentré de sa visite en Océanie, le président Emmanuel Macron avait présidé un peu plus tôt, à 15 heures, un Conseil de défense et de sécurité nationale consacré au Niger.

La France, qui a mis fin à l’opération antiterroriste Barkhane et s’est retirée du Mali sous la pression de la junte de Bamako, a actuellement 1 500 militaires déployés au Niger qui opéraient jusqu’ici avec l’armée nigérienne. Le pays, ex-colonie française devenue indépendante en 1960, est l’un des derniers alliés de Paris au Sahel.

Emmanuel Macron a déjà condamné «avec la plus grande fermeté» le coup d’Etat de la junte qui a renversé mercredi Mohamed Bazoum. «Ce coup d’Etat est parfaitement illégitime et profondément dangereux pour les Nigériens, pour le Niger, et pour toute la région», a souligné le chef de l’Etat. «C’est pourquoi nous appelons à la libération du président Bazoum et à la restauration de l’ordre constitutionnel», a-t-il déclaré de Papouasie-Nouvelle-Guinée.

Le ministère des Affaires étrangères français a pour sa part affirmé que la France «ne reconnaît pas les autorités» issues du putsch mené par le général Abdourahamane Tchiani. Idem pour l’Union européenne, après une déclaration en ce sens samedi du chef de la diplomatie Josep Borrell.

«Résurgence inquiétante des coups d’Etat militaires»

De son côté, l’Union africaine exige ce samedi le «retour immédiat» des militaires nigériens dans leurs casernes et le «rétablissement de l’autorité constitutionnelle» sous quinze jours, dans un communiqué publié après une réunion la veille de cette instance.

Le Conseil «se déclare profondément préoccupé par la résurgence inquiétante des coups d’Etat militaires» sur le continent et condame «avec la plus grande fermeté» la prise de pouvoir des militaires à Niamey contre un président «démocratiquement élu», dont elle réclame la «libération immédiate».

L’organisation panafricaine se dit prête à prendre «toutes les mesures nécessaires, y compris des sanctions punitives, à l’encontre des auteurs, au cas où les droits des détenus politiques ne seraient pas respectés».

Le général Tchiani s’est présenté vendredi à la télévision publique comme «président du Conseil national pour la sauvegarde de la patrie», après un coup d’Etat qu’il a justifié par «la dégradation de la situation sécuritaire» dans le pays causé par les groupes jihadistes.

Après le Mali et le Burkina Faso, le Niger devient le troisième pays du Sahel, miné par les attaques de groupes liés à l’Etat islamique et à Al-Qaïda, à connaître un coup d’Etat depuis 2020.

Le pays est aussi réputé pour ses importants gisements d’uranium, notamment exploités par le groupe minier français Orano (ex-Areva) qui emploie 900 salariés sur place, essentiellement des personnels locaux, répartis entre Niamey et Arlit.

Mise à jour : à 17 h 58, avec l’annonce de la France de suspendre son aide au développement et l’appui budgétaire au Niger.