La dissolution de l’Assemblée aura finalement eu raison de l’élargissement du corps électoral de Nouvelle-Calédonie. Déjà suspendue en juin par Emmanuel Macron, la réforme constitutionnelle, qui concernait les élections provinciales, ne sera «pas soumise au Congrès», a annoncé le Premier ministre, Michel Barnier, lors de sa déclaration de politique générale, ce mardi 1er octobre. Elle était massivement rejetée par les indépendantistes et son adoption à l’Assemblée, mi-mai, avait déclenché une crise d’une ampleur sans précédent depuis quarante ans dans l’archipel, avec treize morts et plusieurs milliards d’euros de dommages.
Reportage
«Une nouvelle période doit maintenant s’ouvrir, consacrée à la reconstruction économique et sociale de la Nouvelle-Calédonie et à la recherche d’un consensus politique sur son avenir institutionnel», a expliqué Michel Barnier face aux députés. Il s’est engagé à s’investir «personnellement» dans des discussions qui devront se tenir «dans le respect des convictions de chacun et de la diversité du peuple calédonien». Manière de replacer à Matignon un dossier passé au ministère de l’Intérieur depuis 2022. Michel Barnier, qui a désormais un ministre aux Outre-Mer de plein exercice placé sous son autorité, en la personne du sénateur Les Républicains François-Noël Buffet, a également entériné le report «jusqu’à fin 2025» des élections provinciales qui devaient se tenir fin 2024.
Une «mission de concertation et de dialogue» conduite par les présidents de l’Assemblée nationale et du Sénat, Yaël Braun-Pivet et Gérard Larcher, doit se rendre sur place «prochainement». Les annonces du Premier ministre ont été accueillies favorablement dans les rangs de la gauche, qui avait dénoncé le projet de réforme constitutionnelle. «Barnier a raison de liquider la politique désastreuse de Macron en Nouvelle-Calédonie-Kanaky», s’est réjoui Jean-Luc Mélenchon, chef de file des insoumis. Le député de Nouvelle-Calédonie Nicolas Metzdorf, qui siège dans les rangs macronistes mais appartient à la droite dure dans l’équilibre politique de l’archipel, a lui regretté «un gage donné aux indépendantistes radicaux et à l’extrême gauche.» «A mon niveau la censure du gouvernement de Michel Barnier se pose», a-t-il menacé.