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Outre-mer

En Nouvelle-Calédonie, Emmanuel Macron confirme une prochaine réforme constitutionnelle

Le président de la République a annoncé ce mardi 25 juillet qu’une réforme constitutionnelle propre à La Nouvelle-Calédonie se tiendrait «sur la base d’un consensus», comme prévu par les Accords de Nouméa de 1998 qui arrivent à expiration.

Emmanuel Macron lors d'une visite d'une plantation d'ananas à Moindou, le 25 juillet 2023. (Ludovic Marin/AFP)
Publié le 25/07/2023 à 11h33

A l’issue des trois référendums d’autodétermination qui ont rejeté l’indépendance du territoire du Pacifique, le processus de décolonisation de la Nouvelle-Calédonie va donc se poursuivre. Et il se fera sur la «base d’un consensus», a affirmé Emmanuel Macron ce mardi 25 juillet, au deuxième jour de sa visite en Nouvelle-Calédonie. Le chef de l’Etat a évoqué le projet de réforme constitutionnelle avec un changement de statut, dont «le degré» et «l’ambition» dépendront «du calendrier et de ce sur quoi on sait se mettre d’accord».

«Dans le cadre du chemin futur» pour la Nouvelle-Calédonie, «je suis prêt à ce que l’Etat prenne un engagement vis-à-vis de vous, mais il faut que ce soit un consensus», a répondu le président lors d’un entretien accordé ce mardi matin à Nouvelle-Calédonie la 1ère, RRB et Caledonia. Il a notamment évoqué des financements supplémentaires pour la recherche. Avant d’appeler à aller «plus vite dans le relogement» et «mieux protéger la côte».

«Il faudra de toute façon un changement de la Constitution et ce changement se tiendra», a déclaré le président, avant d’ajouter que cette réforme «portera sur la Nouvelle-Calédonie, et je l’assume comme telle». Et «après avoir parlé avec la présidente de l’Assemblée nationale et le président du Sénat, je sais aussi qu’ils partagent cette volonté que ce sujet puisse avoir son cadre constitutionnel propre», a martelé Emmanuel Macron qui par ailleurs a ouvert une réflexion sur une réforme plus large de la Constitution.

Un corps électoral, objet de controverse permanente

Pour l’heure, les négociations sur l’avenir institutionnel de l’archipel patinent, les indépendantistes rejetant le résultat du 3e référendum qu’ils avaient boycotté. Les accords de Nouméa, qui avaient engagé le processus de décolonisation du «Caillou», prévoient une réforme de son statut à l’issue des trois référendums. L’organisation politique mise en place en 1998 qui lui permet une très large autonomie, demeurera jusqu’à cette modification constitutionnelle.

Dans l’immédiat, l’exécutif collégial est composé de 11 membres, élus à la proportionnelle par le Congrès. Institution atypique, elle a instauré une démocratie consensuelle en Nouvelle-Calédonie et non majoritaire. Droit à l’emploi, fiscalité, formation professionnelle, commerce extérieur, desserte maritime, droit du travail, sécurité civile, enseignement du second degré figurent parmi les compétences qu’exerce le gouvernement. De son côté, l’État français exerce les compétences régaliennes : justice, défense, ordre public, monnaie et affaires étrangères.

La question du corps électoral est un point de tension. C’est d’ailleurs un sujet autour duquel le président Macron a souhaité mardi «trouver le consensus, là aussi, entre les forces politiques pour un dégel». L’accord de Nouméa prévoyait qu’une durée minimale de résidence de 10 ans était nécessaire pour voter aux élections provinciales afin d’éviter que l’arrivée de populations nouvelles ne fausse le rapport de force entre indépendantistes et non-indépendantistes. La réforme constitutionnelle de 2007 a encore durci les conditions d’accès à ce corps électoral, en instaurant une date limite d’arrivée sur le territoire. Depuis, le corps électoral est l’objet de controverse permanente dans l’archipel.

Or, de nouvelles élections provinciales doivent avoir lieu en 2024, d’où l’exigence des non-indépendantistes de rouvrir le corps électoral, puisqu’ils estiment que le processus de décolonisation qui avait conduit à cette exception au suffrage universel est clos. Les indépendantistes, qui refusaient jusque-là toute concession, ont récemment accepté d’ouvrir les négociations. «Je salue l’esprit de discussion et d’ouverture des forces politiques qui sont en train d’avancer sur ce sujet», s’est félicité le président Macron.